Le débat sur la Constitution en RDC prend une tournure décisive, avec une déclaration claire de l’UDPS et de son secrétaire général, Augustin Kabuya, affirmant que le pays s’oriente vers un changement complet de la Constitution, et non une simple révision. Ce positionnement marque un tournant dans la stratégie du régime de Félix Tshisekedi, qui voit dans ce changement une opportunité de bâtir une nouvelle République et d’offrir un « héritage précieux » aux Congolais.
Selon Augustin Kabuya, la Constitution actuelle ne reflète pas suffisamment les droits fondamentaux du peuple congolais et limite l’ambition d’ériger un véritable État de droit. La campagne annoncée vise à mobiliser la population autour de cette idée de refonte constitutionnelle. Ce changement pourrait, selon les termes de Kabuya, « libérer le peuple congolais de l’esclavage ».
Position de l’UDPS : Changement radical
Cependant, les détails sur les modifications envisagées restent flous. Les critiques soupçonnent que cette initiative pourrait servir à ouvrir la voie à un troisième mandat présidentiel ou même à la présidence à vie, des accusations vivement rejetées par l’UDPS.
Réactions de l’opposition : Front uni contre le projet
L’opposition, quant à elle, a réagi avec fermeté. Les figures majeures de la politique congolaise, comme Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Matata Ponyo, dénoncent ce qu’ils qualifient de « plan diabolique ». Ils craignent que ce projet serve à prolonger indûment le pouvoir du président Tshisekedi et à fragiliser davantage la démocratie congolaise.
Les opposants appellent la population à se mobiliser pour contrer cette initiative, promettant des manifestations citoyennes à travers le pays. Ils rejettent tout processus qui pourrait déboucher sur une modification des règles en cours de jeu en faveur du pouvoir en place.
Enjeux et perspectives
Ce débat soulève des questions fondamentales pour l’avenir politique de la RDC :
- Transition démocratique : Le changement constitutionnel sera-t-il utilisé pour consolider les institutions démocratiques ou pour renforcer un pouvoir personnel ?
- Consensus national : Peut-on envisager une réforme de cette ampleur sans une large consultation et un accord avec les forces politiques et sociales du pays ?
- Stabilité politique : Ce débat risque-t-il de provoquer des tensions majeures et une instabilité, à l’approche des élections prévues en décembre 2028 ?
La RDC entre dans une période cruciale, où chaque camp tente de mobiliser l’opinion publique. Si l’objectif déclaré de l’UDPS est noble, la méfiance des opposants reflète les craintes profondes concernant les dérives autoritaires souvent observées dans des contextes similaires en Afrique. Le succès ou l’échec de cette initiative dépendra de la transparence du processus et de la capacité du régime à convaincre une population dont la confiance envers les institutions reste fragile.
Emille Kayomba