Le mardi 18 mars 2025, Doha a accueilli une rencontre de haut niveau entre le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, sous la médiation de l’Émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Cette réunion marque un tournant dans la diplomatie régionale et pose la question : Doha est-elle en train de devenir le nouveau centre névralgique pour la résolution de la crise congolaise ?
Un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel vient d’être décidé entre la RDC et le Rwanda lors de cette rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Doha, à l’initiative de l’Émir du Qatar, allié stratégique des deux pays. Cette annonce constitue une avancée majeure après des mois d’escalade et de tensions dans l’Est de la RDC.
Pourquoi Tshisekedi a-t-il accepté de rencontrer Kagame ?
Depuis plusieurs mois, la situation sécuritaire dans l’Est du Congo ne cesse de se détériorer, notamment en raison de l’activisme du M23, un groupe rebelle que Kinshasa accuse d’être soutenu par Kigali. Les négociations de paix ont connu de nombreux blocages, notamment le refus de Paul Kagame de participer à une rencontre tripartite avec Félix Tshisekedi et João Lourenço, prévue en décembre 2024 à Luanda. Kigali posait comme condition un dialogue direct entre Kinshasa et le M23, ce que le gouvernement congolais rejette catégoriquement.
Face à cette impasse et aux pressions diplomatiques, Tshisekedi a accepté de se retrouver avec Kagame à Doha, une manière pour lui de démontrer sa volonté de trouver une solution pacifique, tout en restant ferme sur ses exigences : un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, comme décidé lors du sommet conjoint EAC-SADC du 8 février 2025 à Dar es Salaam.
L’apport du Qatar dans la crise congolaise
Le choix de Doha comme cadre de cette rencontre est loin d’être anodin. Le Qatar s’impose progressivement comme un acteur clé dans la médiation des conflits internationaux, jouant un rôle central dans des crises complexes en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Afrique. En réunissant Tshisekedi et Kagame, Doha réussit là où d’autres initiatives ont échoué.
Cette rencontre s’est tenue le même jour où devaient débuter les discussions directes entre le gouvernement congolais et le M23, discussions qui n’ont finalement pas eu lieu en raison du refus du M23 d’y participer, prétextant que les sanctions européennes imposées à certains de ses membres constituent un obstacle au dialogue.
Avec cette avancée diplomatique, Doha semble prendre le relais des médiations menées jusqu’ici par Luanda et Nairobi. L’accord trouvé entre les trois dirigeants prévoit d’ailleurs un alignement et une fusion des processus de Luanda et de Nairobi, ce qui renforce le rôle du Qatar comme nouveau pivot diplomatique dans la région.
Vers une solution durable ?
Si cette rencontre marque une avancée importante, de nombreux défis restent à relever. L’Est du Congo reste le théâtre de violences perpétuelles, alimentées par des décennies de tensions régionales, des rivalités économiques et des interventions étrangères.
Désormais, tous les regards sont tournés vers Doha, où pourrait bien se jouer l’avenir de la paix entre la RDC et le Rwanda. Reste à savoir si cette dynamique diplomatique initiée au Qatar permettra une résolution durable de ce conflit ou si elle ne sera qu’une énième tentative vouée à l’échec.