Le procès sur le fiasco du projet de construction de plus de 1 300 forages dans 1 000 localités de la République démocratique du Congo (RDC) est entré dans une phase cruciale. Lors de l’audience tenue ce lundi 23 décembre 2024, le ministère public a présenté des réquisitions sévères à l’encontre des principaux accusés :
Mike Kasenga, entrepreneur et responsable de l’exécution du projet via le consortium CVR Construct Cameroun Sarl et Sotrad Water, encourt 20 ans de travaux forcés. Il est accusé d’avoir détourné près de 47 millions USD des 71 millions USD alloués au projet, transférant cette somme sur ses comptes personnels au lieu de l’utiliser pour les travaux.
François Rubota, ancien ministre d’État en charge du Développement rural, qui avait la supervision du projet, risque une peine de 5 ans de travaux forcés. Le ministère public met en cause sa gestion des fonds, débloqués en urgence, et son incapacité à assurer le suivi des travaux.
Selon les conclusions du parquet, sur les 71 millions USD débloqués, seuls 24,8 millions USD ont été utilisés pour réaliser les travaux, laissant les infrastructures promises inachevées et des milliers de localités dans l’attente de forages fonctionnels. En plus des peines de prison, les deux accusés pourraient faire l’objet d’une interdiction de voter et d’occuper des fonctions publiques pendant cinq ans.
Ce procès illustre une fois de plus les défis liés à la gestion des fonds publics en RDC, suscitant une attention particulière de la population et des observateurs internationaux. L’ampleur des montants détournés et l’impact direct de ce projet sur le quotidien des communautés rurales renforcent l’exigence de justice et de transparence dans l’exécution des projets d’intérêt public. Le verdict final, attendu avec impatience, sera un signal fort quant à la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance en RDC.
Emille Kayomba