C’est un communiqué de la Banque centrale balancé le 3 mai dernier qui défraie la chronique autour de la configuration des terminaux de paiement électronique en francs congolais dès juillet prochain. La nouvelle a tout petit peu troublé certains esprits, ce qui a valu des éclaircissements de l’autorité monétaire. Sont concernés, les boutiques , les restaurants, les bars, les hôtels, les établissements de crédits et les sociétés financières qui utilisent les terminaux de paiement électroniques, qui sont désormais enjoints d’encaisser uniquement en monnaie nationale. Mais l’application de cette mesure n’exclut nullement la détention et l’utilisation des cartes de paiement libellées en devises ou les distributeurs des billets tenus par les banques commerciales.
La mesure vient certe limiter l’arnaque à peine voilée des vendeurs, mais elle rentre dans le cadre de redonner du souffle au franc congolais étouffé par sa propre dépréciation face aux devises étrangères.
A travers cette mesure, la BCC veut par ailleurs renforcer son dispositif d’encadrement du secteur de paiement, en lien avec les mesures d’accompagnement du franc congolais issues de la réunion ordinaire du Conseil des ministres du Gouvernement de juillet 2023.
Depuis plusieurs décennies maintenant, le Gouvernement congolais peine à imposer le franc congolais comme seule référence faisant autorité en matière de monnaie sur toute l’étendue du pays. Après l’imposition de paiement des impôts et taxes exclusivement en monnaie nationale, l’État veut maintenant donner au franc congolais toute sa souveraineté sur le marché monétaire local.
Des spécialistes estiment que la population congolaise est encore loin d’utiliser exclusivement sa monnaie dans les paiements des biens et services, notamment de consommation courante. L’utilisation des terminaux de paiement électroniques paramétrés en franc congolais, n’est pas ce pas important vers la dedolarisation dans les transactions financières.
Dans cet élan d’imposer le franc congolais, beaucoup d’actions restent encore à mener. L’État verse les salaires de ses agents et fonctionnaires en franc, mais le paiement des marchés publics peine encore à faire les 100% des chèques en monnaie nationale. Si le SMIG est fixé en franc congolais, mais les rémunérations dans le secteur privé sont généralement payées en dollars américains. Il faut compter aussi les loyers pour les résidences ou les biens meubles et immeubles sont réglés en billets verts dans les grands centres principalement et des cas isolés en milieux ruraux. Les frais de scolarité pour la majorité d’écoles, voir dans l’enseignement supérieur et universitaire sont versés en dollars. A part les quelques produits locaux et biens de première nécessité, tous les fournisseurs en RDC ont comme monnaie de référence le dollar.
La forte demande des devises étrangères aujourd’hui en interne pour assurer la moitié des paiements et de l’extérieur pour l’importation de la majorité de biens de consommation, n’a pas aidé le franc congolais à s’autodeterminer dans l’économie nationale. Ceci étant, l’impact de la monnaie nationale est fragilisé par la faiblesse et l’inefficacité des mesures d’accompagnement sur terrain. Avec un cadre macroéconomique aussi fragile, la force du franc congolais devait être garantie par la puissance publique et la stabilité économique du système de change.
La rédaction de b-onetv.cd