La ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, s’est exprimée devant les professionnels des médias pour faire le point sur les efforts diplomatiques déployés face à la résurgence de la rébellion du M23, soutenue par l’armée rwandaise dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Une situation plus complexe qu’en 2012
Interrogée sur la lente application de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en février 2025, comparée à la rapidité d’exécution de la résolution 2076 en 2012, la cheffe de la diplomatie congolaise a souligné les différences de contexte. Selon elle, le Rwanda affiche aujourd’hui une posture beaucoup plus belliqueuse qu’il y a dix ans, rendant l’application des décisions internationales plus difficile.
« Il y a beaucoup de parallélisme, mais l’histoire ne se répète jamais à 100 % de la même manière. Nous sommes dans un contexte beaucoup plus complexe qu’en 2012, avec des enjeux plus explicites et une posture du Rwanda bien plus agressive. Si l’on compare l’ampleur de la violence, de l’agression militaire et du déplacement des populations, nous sommes certes dans un scénario similaire, mais il serait erroné de dire que nous sommes exactement dans la même situation », a-t-elle déclaré.
Elle a également souligné que la résistance à l’application des injonctions du Conseil de sécurité s’explique par l’évolution des rapports de force et des stratégies de communication déployées par les acteurs impliqués.
Des instruments diplomatiques plus robustes
Malgré ces obstacles, Thérèse Kayikwamba Wagner a insisté sur le fait que la mobilisation diplomatique autour de la RDC s’est intensifiée. « Nous avons aujourd’hui un instrument beaucoup plus robuste qu’en 2012, avec une mobilisation qui ne cesse de croître. Les prises de parole sont plus fermes et les sanctions se matérialisent. On pourrait croire qu’elles n’ont pas d’impact, mais c’est aussi une question de perception et de communication », a-t-elle affirmé.
Elle a également précisé que la résolution 2773 ne vient pas contredire les initiatives régionales, mais les renforcer en apportant plus de clarté et de précision. « Cette résolution ne remet pas en question les décisions prises au niveau régional, elle les renforce. Là où certains parlent de forces armées non invitées, le Conseil de sécurité nomme clairement le Rwanda. Cela permet un diagnostic franc et clair, essentiel pour des actions concrètes », a-t-elle expliqué.
Un contraste frappant avec 2012
La résolution 2076 du 20 novembre 2012 avait exigé le retrait immédiat du M23 de Goma et la cessation de toute nouvelle avancée. Elle avait été rapidement appliquée, forçant le groupe armé à quitter la ville.
En revanche, la résolution 2773, adoptée lors de la 9 865ᵉ réunion du Conseil de sécurité le 21 février 2025, peine encore à être mise en œuvre. Cette résolution, portée par la France, demande aux rebelles du M23 de cesser immédiatement leur offensive et exhorte le Rwanda à cesser son soutien au groupe armé et à retirer ses forces de la RDC. Elle encourage également le retour au dialogue dans le cadre des initiatives diplomatiques régionales.
Cependant, plus d’un mois après son adoption, son exécution demeure incertaine, illustrant les défis croissants auxquels la diplomatie congolaise et la communauté internationale sont confrontées pour restaurer la paix dans l’Est de la RDC.
Un engagement diplomatique renforcé
Face à ces défis, la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner a réaffirmé l’engagement de la RDC à poursuivre ses efforts diplomatiques pour mobiliser la communauté internationale et renforcer les initiatives régionales. Elle a conclu en appelant à une vigilance accrue et à une responsabilité collective dans la mise en œuvre des décisions prises pour garantir la stabilité et la sécurité des populations congolaises.
Junior Kulele