Le monde de la boxe est en deuil : George Foreman, l’un des plus grands champions de tous les temps, s’est éteint à l’âge de 76 ans. Si sa carrière fut jalonnée de victoires et de succès, son nom restera à jamais associé à un combat d’anthologie : le « Rumble in the Jungle », tenu à Kinshasa, au Zaïre (aujourd’hui la République démocratique du Congo), en 1974.

Le voyage au Zaïre : entre sport, politique et fierté nationale
L’organisation du combat entre Muhammad Ali et George Foreman au Zaïre n’était pas un simple choix logistique. Le président de l’époque, Mobutu Sese Seko, y voyait une occasion unique de mettre son pays sur le devant de la scène internationale. Kinshasa devint ainsi l’épicentre du monde sportif, accueillant des journalistes, des célébrités et des fans de boxe venus des quatre coins du globe.
L’événement dépassait le cadre du sport : il était un symbole de la fierté africaine et du retour aux racines pour Ali, qui se voyait comme un champion du peuple noir. Les rues de Kinshasa résonnaient du célèbre slogan scandé par la foule : « Ali, bomaye ! » (« Ali, tue-le ! » en lingala), un soutien fervent à celui qui incarnerait l’opprimé défiant le pouvoir en place.

Le combat du siècle : une stratégie brillante d’Ali
Face à un George Foreman invaincu, puissant et favori, Ali opta pour une stratégie inattendue. Il utilisa la technique du « rope-a-dope », s’appuyant sur les cordes du ring pour encaisser les assauts de Foreman tout en le fatiguant. Au huitième round, alors que Foreman était épuisé, Ali lança une contre-attaque fulgurante et mit son adversaire K.-O. dans un moment historique.
Cette victoire marqua non seulement le retour triomphal d’Ali au sommet de la boxe, mais aussi un tournant dans l’histoire du sport et de la géopolitique africaine.

Un héritage en RDC
Aujourd’hui encore, le « Rumble in the Jungle » reste gravé dans la mémoire collective en République démocratique du Congo. Le stade Tata Raphaël, où s’est tenu ce combat légendaire, est un monument du sport africain. Ce duel a aussi contribué à donner à la RDC une place dans l’histoire du sport mondial, rappelant une époque où Kinshasa était une capitale culturelle et sportive influente.
Avec la disparition de George Foreman, c’est une page de cette histoire qui se tourne. Mais son nom, aux côtés de celui d’Ali, restera à jamais lié à ce moment inoubliable où, sous le ciel de Kinshasa, la boxe a écrit l’une de ses plus grandes légendes.
Junior Kulele