La situation dans la ville de Goma et d’autres zones sous contrôle de la coalition M23-AFC-RDF suscite une profonde indignation. En plus des violences et des exécutions, les populations locales sont forcées de participer à des opérations de nettoyage du sang des victimes, une pratique baptisée « Salongo ».
Un témoin, dans une déclaration empreinte d’émotion, a dénoncé cette barbarie : « Les bourreaux, vous prenez ceux-là pour qui des frères, membres de famille, ceux qui ont été tués, exécutés, viennent nettoyer le sang, vous imaginez l’horreur ? » Ces mots illustrent la détresse des populations qui, au-delà des assassinats et des exactions, sont contraintes d’effacer les traces des atrocités commises contre leurs proches.
Face à cette situation, le ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévoyance Sociale, Samuel Roger Kamba, a dénoncé une double peine infligée aux habitants et aux professionnels de santé opérant dans ces zones. Il a affirmé que le gouvernement congolais ne privera pas de salaire les prestataires de santé qui, malgré le contexte sécuritaire précaire, continuent de soigner la population sous occupation.
« Il ne faut pas une double peine. Nos prestataires ont déjà une première peine imposée par les bourreaux, on ne va pas leur imposer une deuxième peine en leur disant qu’on ne vous paie plus parce que vous êtes dans cette zone-là. Au contraire, ça reste notre pays. Vous imaginez des médecins qui travaillent 24h/24 avec des blessures chez les civils, on a 19 chirurgiens en tout et vous allez leur dire qu’on ne vous paie plus ? » Cette prise de position vise à garantir un minimum de soutien aux équipes médicales qui opèrent dans des conditions extrêmes, où les besoins sanitaires sont croissants en raison des combats et des exactions.
Depuis plusieurs semaines, la coalition M23-AFC-RDF a instauré une administration parallèle dans les territoires sous son contrôle au Nord-Kivu. Corneille Nangaa, chef du mouvement, a annoncé son intention d’étendre cette réorganisation jusqu’à Goma, chef-lieu de la province. En réponse, Kinshasa a exprimé son opposition catégorique à cette tentative de prise de contrôle institutionnelle. Lors des réunions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et dans les échanges avec les diplomates accrédités en RDC, la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, ainsi que le président Félix Tshisekedi, ont fermement dénoncé ces pratiques.
Selon eux, il s’agit d’une manœuvre visant à redessiner la composition démographique des zones occupées, en chassant certains habitants et en imposant une nouvelle administration favorable au M23/RDF. La situation dans l’Est de la RDC reste explosive, avec une occupation qui s’accompagne d’actes d’intimidation, de répression et de déshumanisation. La pratique du « Salongo » imposé aux familles des victimes témoigne de la cruauté de cette occupation.
Face à cette réalité, la communauté internationale est interpellée pour prendre des mesures concrètes contre ces violations des droits humains. Pendant ce temps, les populations de Goma et des territoires environnants continuent de vivre sous la menace, entre terreur et espoir d’un retour à la paix.
La rédaction de b-onetv.cd