A combien se négocie réellement aujourd’hui le Franc Congolais face aux devises étrangères, notamment le dollar américain? C’est la question que personne, ni les instances impliquées dans la régulation de la monnaie ne semble avoir des réponses précises, du moins pour le moment. Entre-temps, l’inquiétude est grandissante auprès des consommateurs congolais, qui assistent impuissants à la perte quotidienne du pouvoir d’achat.
Il y’a quelques semaines, les échos venant des grands palais faisaient état de l’appréciation du Franc Congolais à hauteur de 15%. Un Dollar Américain valait jusqu’à 2200 Francs Congolais au lendemain des mesures prises par le gouvernement. Ce bon comportement de la monnaie nationale s’est vite effondré en moins d’une semaine, laissant au passage une spéculation atypique dans le marché de change. Ce qui passait pour un début du satisfecit des efforts publics, a viré à un déclin rapide, au point de faire chuter le Franc Congolais un peu plus bas, jusqu’à 2500 Francs chez les plus offrants. Contrairement aux prévisions officielles, cette situation a éclipsé toutes interventions du gouvernement dans l’économie financière _ des interventions coincées par les impératifs d’un marché financier flottant. Pourtant, le taux de change est habituellement fixé dans la loi des finances au début de chaque exercice budgétaire et encadré par la banque centrale du Congo. Mais comme toujours, le prix fixé par l’État est souvent parallèle à celui appliqué sur le marché des biens et services.
Comment maîtriser le taux de change dans un contexte où le dollar influence une économie essentiellement tournée vers l’importation ?
Connue pour son extraversion, l’économie congolaise est inondée par un nombre important des produits venant de l’extérieur et de moins en moins de la production locale. Celà impose donc à l’État de disposer davantage de devises étrangères, afin de faciliter le payement des commandes des biens à l’importation. Cet exercice augmente le besoin des devises étrangères, au détriment du Franc Congolais, avec comme conséquence la perte de la valeur de la monnaie nationale. Selon les chiffres officiels, les importations ont dépassé les 2 milliards de dollars mensuellement, contre plus ou moins 1 milliards des exportations essentiellement constituées des produits miniers. D’où la forte demande des devises fragilise les efforts du gouvernement d’imposer le Franc Congolais qui est du reste, l’un des symboles de la souveraineté nationale.
Qu’est-ce qui reste à faire pour donner au Franc Congolais toute sa valeur et sa place sur le marché financier ?
Après l’imposition de paiement des impôts en Francs Congolais, le gouvernement met le cap sur la »dedolarisation » d’une économie fortement dominée par les monnaies fortes. C9mbien de temps faudra-t-il pour que les propriétaires des biens immobiliers et d’autres objets de valeur, fassent les 100% de transactions en Francs Congolais ? A cette question, les spécialistes estiment que l’État devrait lui-même imposer à la quasi-totalité de ses fournisseurs d’encaisser leurs chèques en monnaie nationale. Ce bouché double, couplé au relèvement du taux directeur de 9 à 11%, puis à 25, devrait fonctionner, mais l’inefficacité du suivi par les instances habilitées tarde à se mettre en place. Déjà ce taux d’intérêt fixé par la banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales est critiqué par les spécialistes qui considèrent que cette intervention est fragilisée par le recours régulier à la planche à billets. Conséquence : les prix augmentent sur le marché et la dévaluation de la monnaie nationale. Les salariés payés en Francs Congolais, les agents publics principalement, subissent une perte du pouvoir d’achat évalué à ce jour à plus ou moins 30%.
Comment maîtriser l’inflation née de la forte demande du Dollar Américain ?
A défaut de stabiliser le taux de change, le gouvernement s’est investi à contrôler les prix des produits sur le marché, pourtant cet exercice devait faire partie des devoirs quotidiens du ministère de l’économie nationale. Cette décision résulte de la réunion du Comité de Conjoncture Économique présidée par le 1er ministre, Sama Lukonde, au courant de la semaine. Selon le Vice-premier Ministre, Ministre de l’Économie nationale, Vital Kamerhe, la régulation des prix sera accompagnée par des initiatives de renforcement de la production locale. De son avis, le contrôle économique sur les prix doit se faire de manière sérieuse et régulière par des inspecteurs des services publics.
Cette batterie des mesures savantes qui s’accumulent, n’est pas ressentie dans le vécu quotidien et le congolais moyen se voit trahi dans son espoir de voir sa condition changée. Malgré la hausse ou la chute du dollar, la population voudrait sentir les actions d’un gouvernement qui assure et rassure sur terrain.
Constantin Ntambwe