Les inondations qui ont récemment frappé Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, ont mis à nu des défaillances profondes dans la gestion urbaine, l’assainissement et la responsabilité citoyenne. Si les critiques sont souvent dirigées vers le Ministère de l’Urbanisme et Habitat, la réalité est bien plus complexe, impliquant divers niveaux de gouvernance et les comportements de la population.
La ville de Kinshasa est traversée par plusieurs rivières dont les lits, rarement curés, sont de plus en plus obstrués. Cette tâche revient au gouvernement provincial, qui peine à assurer un entretien régulier. Les caniveaux, quant à eux, sont souvent bouchés par des déchets jetés par des habitants peu sensibilisés à l’impact de leurs gestes sur l’environnement urbain.
À cela s’ajoutent des infrastructures de drainage vétustes, relevant du ressort des Travaux publics, qui ne peuvent plus faire face à l’intensité des pluies, accentuée par le dérèglement climatique. Ce cocktail explosif rend les inondations non seulement fréquentes mais aussi dévastatrices, exposant les populations à des risques sanitaires et matériels importants.
L’une des causes majeures de cette situation reste l’incivisme ambiant. De nombreuses rivières sont utilisées comme dépotoirs à ciel ouvert, et la culture du tri et de la gestion des déchets est quasiment inexistante. Cette insalubrité persistante contribue à l’inefficacité des rares dispositifs de drainage encore fonctionnels et met en péril la santé publique.
Le blâme ne peut être imputé à un seul ministère. Si des constructions anarchiques aggravent les risques d’inondation, le Ministère de l’Urbanisme et Habitat n’a pas l’autorité légale de procéder à des démolitions. Les dossiers relatifs à ces constructions ont été transmis au gouverneur de la ville pour traitement. Cette situation révèle l’absence de coordination efficace entre les différentes institutions publiques, au détriment des habitants.
Face à l’urgence, un effort commun est nécessaire. Le nettoyage des rivières, la modernisation des systèmes de drainage, la responsabilisation des citoyens et une meilleure planification urbaine doivent devenir des priorités absolues. La solution passe par une synergie entre l’État, les autorités locales et la population.
Les inondations récurrentes à Kinshasa sont bien plus qu’un problème technique : elles sont le reflet d’un dysfonctionnement collectif. Pour construire une ville plus résiliente, il faut une prise de conscience généralisée et des actions concrètes, soutenues et durables. La transformation de Kinshasa dépendra autant de l’efficacité des institutions que de l’engagement de ses habitants.
Feza Micka