À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la ministre de l’Éducation nationale, Raïssa Malu, a tiré la sonnette d’alarme sur la situation préoccupante de l’éducation des filles en République démocratique du Congo. Dans une tribune publiée ce 8 mars 2025, elle a dressé un état des lieux alarmant, tout en mettant en avant les actions du gouvernement pour y remédier.
Selon une enquête récente citée par la ministre, seulement 59 % des femmes âgées de 15 à 49 ans sont alphabétisées, contre 86 % des hommes. Ce déséquilibre met en lumière les difficultés persistantes d’accès à l’éducation pour les filles en RDC. L’écart se creuse davantage au fil du parcours scolaire. Si 81 % des filles sont scolarisées au primaire, elles ne sont plus que 55 % à poursuivre leur cursus au niveau secondaire, illustrant ainsi un décrochage significatif entre ces deux étapes clés de l’enseignement. Les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Kasaï sont particulièrement touchées par ce phénomène, avec des taux de scolarisation des filles inférieurs à la moyenne nationale.
Pire encore, entre 30 et 40 % des filles abandonnent leurs études après le primaire, souvent en raison de la pauvreté, des mariages précoces ou des violences basées sur le genre. Le manque d’accès des femmes aux opportunités économiques constitue un autre frein à leur autonomisation. Moins de 15 % des femmes en RDC ont accès à des crédits bancaires pour développer une activité économique, limitant ainsi leur capacité à s’insérer professionnellement après leurs études.
Raïssa Malu reconnaît que la gratuité de l’enseignement primaire, mise en place sous l’impulsion du Président Félix Tshisekedi, a marqué un tournant historique en permettant à des millions d’enfants d’accéder à l’école. Toutefois, elle souligne que cette mesure, bien qu’indispensable, ne suffit pas à garantir une scolarisation durable pour les filles, qui restent vulnérables aux obstacles économiques et socioculturels.
Face à ces défis, plusieurs initiatives ont été lancées pour améliorer l’accès et le maintien des filles à l’école : Le Projet d’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire (PEQIP), qui vise à renforcer le système éducatif dans son ensemble.
Le Projet d’apprentissage et d’autonomisation des filles (PAAF), qui finance des bourses scolaires pour les filles vulnérables, soutient la réintégration des filles-mères et forme les enseignants à l’égalité des genres. Le Plan quinquennal 2024-2029 du ministère de l’Éducation, qui met un accent particulier sur l’éducation inclusive et équitable pour garantir que chaque fille puisse apprendre dans un environnement sûr et adapté.
Dans son message, Raïssa Malu insiste sur l’importance de faire de l’école un espace sûr et égalitaire, où chaque fille peut développer pleinement son potentiel sans discrimination. Elle appelle à une mobilisation collective pour que le 8 mars 2025 soit un moment décisif pour l’éducation des filles en RDC. « L’égalité commence sur les bancs de l’école. Ensemble, faisons de l’éducation des filles une priorité nationale. »
Avec cette déclaration forte, la ministre rappelle que l’accès des filles à une éducation de qualité est non seulement un droit fondamental, mais aussi un levier essentiel pour le développement du pays.
Junior Kulele