Coup de théâtre au sommet de l’exécutif provincial du Kasaï-Oriental. À la suite de sa mise en accusation par l’Assemblée provinciale, le Gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo est contraint de céder provisoirement ses fonctions à son vice-gouverneur, Augustin Mayemba. La décision a été officiellement entérinée ce lundi 19 mai par une correspondance du Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemin Shabani.
Dans cette lettre, le gouvernement central invoque l’article 160 de la loi électorale, modifiée et complétée par les textes légaux en vigueur, pour organiser la relève à la tête de la province. La passation de pouvoir sera supervisée par l’Inspection générale territoriale (IGTER), avec l’appui du comité provincial de sécurité.
La mise en accusation de Jean-Paul Mbwebwa remonte au samedi 10 mai 2025, au terme d’une plénière houleuse à l’Assemblée provinciale. Sur les 24 députés présents, 14 ont voté en faveur de la mesure, 9 s’y sont opposés, tandis qu’un bulletin a été annulé. Cette décision repose sur un rapport d’enquête parlementaire couvrant la période de juillet 2024 à mai 2025, qui dresse un tableau accablant de la gestion provinciale.
Le rapport fait état d’un détournement présumé de plus de 3 millions de dollars destinés à des travaux communautaires, de 100 000 dollars pour un programme agricole, ainsi que de 450 millions de francs congolais issus des rétrocessions de l’État. S’ajoutent des accusations de falsification de documents, de manipulation des effectifs administratifs et d’usage de factures irrégulières.
Depuis plusieurs mois, la gestion des finances publiques par le gouverneur faisait l’objet de critiques récurrentes, notamment de la part de la société civile et de figures politiques comme l’ancien gouverneur Alphonse Ngoyi Kasanji. Les avertissements lancés dès janvier ont trouvé un écho après les enquêtes parlementaires.
Jean-Paul Mbwebwa Kapo rejette en bloc les accusations. Il soutient que les fonds visés ont été utilisés pour des besoins publics : achat de véhicules administratifs, finalisation de projets d’infrastructure, soutien à l’agriculture, paiement des salaires et conservation temporaire de fonds en attente de justification.
Le dossier a été transmis à la justice, qui devra établir les responsabilités pénales éventuelles. Entre-temps, les appels se multiplient pour un renforcement des mécanismes de contrôle citoyen sur la gestion financière des provinces.
Le Kasaï-Oriental s’ouvre ainsi à une phase délicate de transition politique et judiciaire. Le vice-gouverneur Augustin Mayemba, appelé à assurer l’intérim, devra restaurer la confiance et répondre aux attentes d’une population en quête de transparence et de bonne gouvernance.
Emille Kayomba