La criminalité prend une tournure de plus en plus préoccupante dans la capitale congolaise. Vendredi 30 mai, un nouveau braquage en plein jour a ciblé le campus de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), semant la panique parmi les étudiants et provoquant l’indignation de la communauté universitaire. Bilan : deux étudiants blessés et 7 000 dollars extorqués à des cambistes opérant sur le site.
Un modus operandi devenu banal… et impuni. Le phénomène n’est pas nouveau, mais sa récurrence et son audace inquiètent. Des bandits armés circulant à moto, souvent en groupe, surgissent dans des lieux publics, opèrent rapidement, et disparaissent dans la circulation avant toute intervention des forces de l’ordre. Ce vendredi, c’est au niveau du rond-point dit “Trafic”, à l’entrée de l’UNIKIN, que l’attaque a eu lieu, en pleine effervescence électorale étudiante.
« Ils ont profité du fait que toute l’attention était tournée vers les élections. Même les agents de la garde universitaire sécurisaient les étudiants, » a confirmé le professeur Odiko, secrétaire académique de l’UNIKIN.
Les braqueurs ont braqué les jeunes changeurs de monnaie (cambistes) et des vendeurs de crédits, emportant des milliers de dollars. Des coups de feu ont été tirés pour intimider et disperser la foule, provoquant une véritable panique parmi les étudiants.
Présente sur place mais désarmée, la garde universitaire n’a rien pu faire face à au moins cinq hommes armés. « Ils tiraient dans tous les sens. La garde ne pouvait rien faire, elle n’est pas équipée pour affronter des criminels armés », a déploré le professeur Jean-Paul Mbuya. Des images relayées sur les réseaux sociaux montrent les assaillants fuyant à vive allure, certains tirant des balles en l’air, dans une ville où la violence armée devient presque quotidienne.
Kinshasa, capitale livrée aux criminels à deux roues ? Les Kinois vivent désormais dans l’angoisse. Braquages en plein jour, supermarchés attaqués, domiciles ciblés, clients dépouillés en sortie de banque ou de bureau de change : la capitale est gangrenée par des réseaux de criminels motorisés, organisés et visiblement bien informés.
Ce phénomène inquiète d’autant plus qu’aucune réponse forte et visible des autorités sécuritaires n’est encore perceptible. Les citoyens, fatigués, dénoncent l’absence d’une riposte cohérente malgré l’ampleur du fléau.
Face à cette montée inquiétante de la violence, la communauté universitaire et la société civile appellent à : Un renforcement urgent des dispositifs de sécurité, notamment autour des universités, marchés et lieux de grande affluence. L’armement adéquat des forces de l’ordre habilitées, comme la garde universitaire dans les grands campus. Une stratégie urbaine de lutte contre la criminalité à moto, impliquant contrôle, traçabilité et enregistrement des engins à deux roues. Des mesures socioéconomiques ciblant la jeunesse, pour couper l’herbe sous le pied du recrutement criminel.
Kinshasa est au bord de la psychose sécuritaire. Et tant que les braqueurs à moto continueront de frapper en plein jour, dans l’impunité, l’espoir d’un climat de paix urbaine restera un vœu pieux.