Ce 7 janvier 2025, le gouvernement provincial de Kinshasa a rendu publique une nouvelle grille tarifaire pour le transport en commun. Annoncée comme une mesure visant à améliorer la transparence et à alléger les charges des usagers, cette grille, signée le 17 décembre 2024, fixe des tarifs précis pour divers trajets. Par exemple, le trajet Kingasani-Nzando est désormais fixé à 1500 FC, tandis que celui entre le Marché Central et Ndjili Sainte-Thérèse est plafonné à 1000 FC. Cette initiative suscite des interrogations quant à son application effective et son impact sur le secteur du transport.
Pour beaucoup d’habitants de Kinshasa, cette initiative est perçue comme un effort louable du gouvernement provincial pour encadrer un secteur souvent sujet à l’arbitraire. Les conducteurs de taxis et bus, communément appelés « taximen », pratiquent fréquemment des prix fluctuants, influencés par des facteurs tels que l’état des routes, les embouteillages ou encore les conditions météorologiques. La mise en place de cette grille tarifaire offre une référence claire pour les passagers, réduisant les abus et les disputes fréquentes.
Cependant, la question de la mise en œuvre reste centrale. Les taximens, qui évoluent dans un environnement économique complexe marqué par des coûts élevés de carburant, d’entretien des véhicules et des taxes informelles, pourraient être réticents à appliquer ces tarifs. Certains redoutent que ces prix standardisés ne soient pas rentables, surtout dans des zones à fort trafic ou lorsque les embouteillages prolongent les trajets. Déjà, des voix s’élèvent parmi les associations des conducteurs pour demander un ajustement tenant compte de ces réalités économiques. Certains pourraient même contourner cette mesure en recourant à la pratique des « demi-terrains », c’est-à-dire en fractionnant les trajets pour maximiser leurs revenus.
Kinshasa, une ville de plus de 15 millions d’habitants, est quotidiennement confrontée à des embouteillages chroniques. Ces congestions, souvent aggravées par l’absence de planification urbaine et d’infrastructures routières adaptées, impactent directement les coûts d’exploitation des transporteurs. Si la grille tarifaire est jugée trop rigide ou inadaptée, elle pourrait exacerber les tensions entre les usagers et les conducteurs.
Pour garantir l’effectivité de cette mesure, le gouvernement provincial devra mettre en place des mécanismes rigoureux de contrôle. Cela pourrait inclure des inspections régulières sur les routes, des sanctions pour les conducteurs en infraction et une campagne de sensibilisation auprès des usagers pour qu’ils revendiquent leurs droits. Toutefois, sans une volonté politique forte et une implication des parties prenantes, cette grille risque de rester lettre morte.
Au-delà de cette mesure, la réforme du transport en commun à Kinshasa nécessite une approche plus globale. L’amélioration des infrastructures routières, la mise en place de moyens de transport modernes et accessibles, ainsi que la régulation des opérateurs informels sont autant de priorités pour réduire les dysfonctionnements du système actuel. En attendant, la population kinosaise accueille cette nouvelle grille tarifaire avec espoir, mais aussi avec prudence. Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer l’impact de cette décision sur le quotidien des usagers et sur le comportement des taximens.
La nouvelle grille tarifaire du transport en commun à Kinshasa constitue un pas en avant dans la régulation d’un secteur chaotique, mais elle soulève de nombreuses questions pratiques. Sa réussite dépendra largement de la capacité des autorités à anticiper les défis liés à son application et à collaborer avec les transporteurs pour concilier les intérêts des uns et des autres.
La rédaction de b-onetv.cd