La République Démocratique du Congo a annoncé qu’elle ne participera pas à la 46e Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) prévue à Kigali, au Rwanda, si un changement de pays hôte n’est pas opéré. Cette décision a été communiquée par la Ministre Déléguée en charge de la Coopération internationale et de la Francophonie, Me Bestine Kazadi, après la signature, le 20 février 2025, de la convention officialisant Kigali comme ville hôte de l’événement.
La RDC refuse de prendre part à une rencontre organisée dans un pays qu’elle accuse d’être responsable de la tragédie sécuritaire et humanitaire qu’elle subit dans sa partie orientale. Pour Kinshasa, tenir la CMF à Kigali reviendrait à légitimer, voire à cautionner, l’agression rwandaise et l’occupation illégale d’une partie de son territoire par les troupes de Paul Kagame.
Selon le Règlement relatif à la Procédure d’adhésion ou de modification de statut d’un État ou gouvernement auprès de l’OIF, chaque membre s’engage à respecter la Charte de la Francophonie ainsi que les principes et valeurs qu’elle défend, notamment le respect de la souveraineté des États.
Or, pour la RDC, la participation du Rwanda à l’OIF alors qu’il viole la souveraineté congolaise constitue une contradiction flagrante avec la Charte de la Francophonie, ainsi qu’avec les Déclarations de Saint-Boniface et de Bamako, qui réaffirment l’importance du respect des droits fondamentaux et du maintien de la paix dans l’espace francophone.
Face à cette situation, Kinshasa sollicite la solidarité des États membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour exiger la relocalisation de la 46e CMF dans l’État du siège de l’OIF. Cette demande s’appuie sur les dispositions du Règlement Unique des Instances de la Francophonie, qui encadrent la désignation des États hôtes des conférences.
En outre, la RDC rappelle que le XIXe Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie, tenu en octobre 2024 à Paris, avait adopté plusieurs résolutions en sa faveur. Il serait donc incohérent d’ignorer ces engagements en maintenant la tenue de la CMF dans un pays en conflit ouvert avec un autre membre de la Francophonie.
Dans sa déclaration, la ministre Bestine Kazadi a fermement dénoncé le choix du Rwanda comme hôte de la conférence : « Organiser la CMF au Rwanda constituerait une caution tacite de l’agression contre la RDC et une transgression des valeurs portées par la Francophonie. » La position de la RDC met ainsi l’OIF face à un dilemme : respecter ses propres principes et revoir l’organisation de la conférence, ou ignorer la crise sécuritaire en RDC au risque de fragiliser davantage l’unité de l’espace francophone.
Alors que les tensions restent vives entre Kinshasa et Kigali, la réponse de l’OIF à cette demande sera scrutée de près, tant par les États membres que par l’opinion publique congolaise.
Junior Kulele