Le Président burundais Évariste Ndayishimiye a officiellement transmis la présidence du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération (PSC) en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs à son homologue ougandais Yoweri Kaguta Museveni. Cette passation de pouvoir a eu lieu lors de la 12e réunion de haut niveau organisée en Ouganda, en présence des chefs d’État et de gouvernement des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Dans son discours empreint de gravité, Évariste Ndayishimiye a dressé un état des lieux préoccupant de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, marquée selon lui par une intensification de la violence, malgré les multiples efforts diplomatiques et militaires engagés depuis la signature de l’Accord en 2013.
« Le début de cette année 2025 a été marqué par une situation grave avec la résurgence de la guerre déclenchée par le M23, soutenu par le Rwanda. […] La conquête et l’occupation des territoires congolais, la prise de l’aéroport de Goma et de Bukavu, ont eu des conséquences désastreuses », a déclaré le Président burundais.
Massacres, violations des droits de l’homme, déplacements massifs de populations, effondrement économique, destruction d’infrastructures : Évariste Ndayishimiye a dressé une liste longue et douloureuse des conséquences de cette guerre qui, selon lui, va en s’aggravant.
Le Chef de l’État burundais, considéré comme un proche allié du Président congolais Félix Tshisekedi dans la région, a regretté l’échec des initiatives diplomatiques menées sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Il a pointé du doigt l’absence de volonté du M23 à s’engager dans le processus de paix.
« En tant que Président du Sommet des chefs d’État de l’EAC, j’ai rencontré à plusieurs reprises les responsables du M23 à Bujumbura. Au moment où un accord semblait possible, la guerre a resurgi, contraignant la force régionale à se retirer », a-t-il rappelé.
Seuls l’Ouganda et le Burundi continuent à soutenir militairement la RDC à travers des accords bilatéraux de défense, a-t-il précisé. Par ailleurs, l’arrivée des troupes de la SADC, censée renforcer les FARDC, s’est heurtée à une forte présence militaire rwandaise dans les territoires contrôlés par le M23, rendant toute stabilisation impossible.
Dans une démarche inédite, Évariste Ndayishimiye a également évoqué ses rencontres avec les communautés congolaises de l’Est, notamment les chefs coutumiers et la communauté Banyamulenge, pour mieux comprendre la dynamique locale. Il a salué les efforts d’intégration opérés par le Président Tshisekedi, affirmant qu’une partie importante de cette communauté se reconnaît comme pleinement congolaise, malgré certaines influences extérieures.
« Je tiens à féliciter notre frère, le Président Tshisekedi, qui a concrétisé sa compréhension en les intégrant dans les institutions de l’État », a-t-il souligné.
Douze ans après la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba en 2013 par 11 États et quatre institutions internationales – ONU, UA, CIRGL et SADC –, les résultats peinent à se matérialiser. Si l’accord avait nourri de grands espoirs pour la paix dans la région des Grands Lacs, les défis restent colossaux.
La réunion de cette année, présidée par Yoweri Museveni, a réuni les représentants de la RDC, du Rwanda, de l’Angola, du Burundi, du Congo, du Kenya, de la Tanzanie, de la Zambie, de l’Afrique du Sud, du Soudan, du Soudan du Sud, et des institutions garantes et partenaires de la région, dont les Nations Unies et l’Union africaine.
Mais face à la persistance de la guerre à l’Est de la RDC, à l’inefficacité des mécanismes existants, et à l’implication présumée de certains États signataires dans le conflit, la mise en œuvre réelle de l’Accord-cadre demeure une question centrale et urgente.
La rédaction de b-onetv.cd