Depuis les années 1970, les relations entre le Front national (FN), fondé par Jean-Marie Le Pen, et la République démocratique du Congo (RDC), ont oscillé entre pragmatisme politique, controverses idéologiques et intérêts économiques. Bien que les leaders du FN aient souvent été perçus comme critiques envers l’immigration africaine en France, leurs interactions avec des dirigeants africains, notamment Mobutu Sese Seko, révèlent des liens plus complexes qu’il n’y paraît.
Durant la présidence de Mobutu Sese Seko (1965-1997), Jean-Marie Le Pen, alors chef de file du Front national, a entretenu des relations personnelles et politiques avec le dictateur zaïrois. Mobutu, qui cherchait à consolider son régime par des soutiens extérieurs, avait établi des alliances discrètes avec diverses personnalités françaises, y compris Jean-Marie Le Pen. Les deux hommes partageaient des intérêts communs : Mobutu voyait en Le Pen un vecteur de défense de la souveraineté nationale contre les pressions internationales, tandis que Le Pen, en tant qu’ancien mercenaire en Algérie et acteur de la droite nationaliste, trouvait en Mobutu un allié stratégique dans ses ambitions géopolitiques en Afrique.
Ces relations étaient également alimentées par des aspects économiques, Jean-Marie Le Pen ayant été accusé d’entretenir des liens financiers avec des régimes africains, dont celui de Mobutu. À son arrivée à la tête du FN (devenu Rassemblement national) en 2011, Marine Le Pen a cherché à redéfinir les relations de son parti avec l’Afrique. Tout en conservant une rhétorique critique vis-à-vis de l’immigration africaine, elle s’est distanciée de l’approche paternaliste et des relations opaques de son père avec certains dirigeants africains.
Marine Le Pen a adopté un discours prônant un « partenariat respectueux » avec les États africains, insistant sur la fin de la « Françafrique » et appelant à des relations économiques équilibrées basées sur le respect mutuel. Cependant, ce changement de ton n’a pas empêché les critiques, certains observateurs estimant que ce discours servait à masquer une continuité dans les rapports ambigus entre le RN et l’Afrique.
La RDC, riche en ressources naturelles comme le cobalt, le cuivre et le coltan, a toujours été un terrain stratégique dans les relations franco-africaines. Sous Mobutu, Jean-Marie Le Pen aurait bénéficié d’avantages financiers en échange de son soutien implicite. Ces connexions ont contribué à alimenter les soupçons d’une implication française dans la consolidation du régime autoritaire de Mobutu.
Aujourd’hui, Marine Le Pen évite de s’associer directement à des dirigeants africains controversés, mais elle continue de plaider pour une politique française qui valorise les ressources stratégiques du continent tout en réduisant la dépendance de l’Europe à l’égard d’autres régions du monde. Cette approche peut être perçue comme une continuité indirecte des ambitions de son père, bien que formulée dans un cadre plus modernisé et pragmatique.
Les relations entre les Le Pen et l’Afrique, notamment avec la RDC, reflètent les paradoxes d’un parti oscillant entre nationalisme radical et opportunisme stratégique. Si Jean-Marie Le Pen voyait en Mobutu un partenaire dans sa vision de la « grandeur française », Marine Le Pen cherche à repositionner son parti comme un acteur crédible sur la scène internationale, tout en héritant d’une histoire marquée par des liens complexes et souvent opaques avec le continent africain.
La rédaction de b-onetv.cd