Le ministère de la Santé, de l’Hygiène et de la Prévoyance sociale de la République démocratique du Congo (RDC) a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la détérioration de la situation épidémiologique de la variole du singe (Mpox) dans la province du Nord-Kivu. Selon un rapport publié le 24 janvier 2024, les violences liées aux affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 ont entraîné l’évasion de 128 patients infectés, sur les 143 initialement placés en isolement dans les zones de santé de Goma, Karisimbi et Nyiragongo. Certains centres de traitement ont même été complètement pillés, compromettant davantage la riposte sanitaire.
Les autorités sanitaires font face à une situation particulièrement difficile. L’insécurité persistante limite l’accès aux zones d’intervention et entrave la prise en charge des patients. Plusieurs défis majeurs compliquent la gestion de l’épidémie : Accès restreint aux zones touchées par l’épidémie ; Rupture de médicaments et d’autres fournitures médicales essentielles ; Pénurie de produits sanguins ; Pillages des stocks médicaux et destruction des établissements de soins ; Vol de matériel médical et non médical appartenant au Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et à Médecins Sans Frontières (MSF) ; Manque d’eau et d’électricité dans plusieurs structures de santé ; Refus de certains patients blessés, notamment des militaires, de réintégrer leur communauté ; Manque de moyens logistiques, y compris des corbillards, des ambulances et des sacs mortuaires ; Insuffisance d’équipes spécialisées (chirurgiens, anesthésistes, traumatologues).
Face à cette crise sanitaire et humanitaire, le ministère de la Santé a convoqué une réunion de crise avec les Directions Provinciales de Santé (DPS) et les partenaires internationaux pour évaluer les capacités de soutien d’urgence et renforcer la réponse à l’épidémie. Les derniers chiffres sont inquiétants : au cours de la troisième semaine de 2024, 2 707 cas suspects ont été recensés, avec 38 décès (soit un taux de létalité de 1,94 %) et 516 cas confirmés. Depuis le début de l’épidémie de Mpox en RDC, le pays a enregistré 72 597 cas, dont 13 696 confirmés et 1 407 décès.
Sur le plan de la prévention, 67 759 personnes ont déjà été vaccinées contre le Mpox à l’échelle nationale. Cependant, la propagation rapide du virus, associée aux déplacements forcés de populations fuyant les violences, complique la lutte contre l’épidémie. Les autorités sanitaires exhortent la population à respecter les mesures de prévention et à se faire vacciner afin de limiter la propagation du virus. L’augmentation rapide du nombre de cas, couplée à la situation sécuritaire instable au Nord-Kivu, laisse craindre une recrudescence de l’épidémie dans les semaines à venir.
Alors que la RDC continue de lutter contre plusieurs crises sanitaires et humanitaires, une action concertée entre les acteurs nationaux et internationaux est plus que jamais nécessaire pour éviter une catastrophe sanitaire de grande ampleur.
La rédaction de b-onetv.cd