Alors que le régime de Félix Tshisekedi amorce des démarches pour la mise en place d’une commission dédiée aux réformes constitutionnelles, une partie de l’opposition congolaise se mobilise pour contrer cette initiative qu’elle considère comme une menace à la stabilité démocratique. Au cœur de ce débat, la question cruciale demeure : l’opposition peut-elle se fédérer, et Joseph Kabila pourrait-il jouer le rôle du fédérateur attendu ?

Le Front Commun pour le Congo (FCC), dirigé par l’ancien président Joseph Kabila, a choisi une date symbolique, celle des Martyrs de l’indépendance, pour briser son silence. Dans un communiqué incisif, le FCC a qualifié Kabila de « lion qui dort », désormais éveillé face à ce qu’il considère comme une atteinte à la Constitution votée en 2005. Cette sortie marque le retour de Kabila sur le devant de la scène, suscitant de nombreuses interrogations sur sa capacité à rassembler une opposition fragmentée.
Le FCC rejette fermement les réformes constitutionnelles envisagées et mobilise sa base pour défendre la loi fondamentale. Cette position est perçue comme une réponse directe aux discours du président Tshisekedi lors de ses tournées provinciales, où il a évoqué des ajustements constitutionnels.

En novembre 2024, des acteurs politiques et membres de la société civile ont lancé une coalition dénommée « Sursaut National ». Leur objectif : protéger la Constitution et bloquer toute tentative de révision. Bien que prometteuse, cette initiative rencontre des difficultés à rallier l’ensemble de l’opposition. Les actions du Sursaut National, telles que les campagnes de sensibilisation et le meeting du 14 décembre dernier, peinent à atteindre l’impact escompté face aux contre-offensives du pouvoir.
Le ministre d’État à la Justice, acteur clé du camp présidentiel, a organisé un meeting dans l’est de Kinshasa pour défendre les réformes, accentuant la polarisation du débat. Pendant ce temps, Martin Fayulu, autre figure de l’opposition, joue en solo, compliquant davantage les efforts de coordination. Le 20 novembre 2024, sous l’égide de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), une déclaration commune a été signée par plusieurs poids lourds de l’opposition : Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Claudel Lubaya, et Matata Ponyo. Ils ont annoncé une série de manifestations de grande envergure.
Cependant, la mobilisation populaire reste en deçà des attentes, loin des foules historiques de 2015. À cette époque, la CENCO avait joué un rôle crucial dans le recul du régime face à la contestation populaire. Mais aujourd’hui, le contexte a changé, et l’influence de l’Église catholique est mise à l’épreuve.

Depuis décembre 2024, Joseph Kabila multiplie les rencontres stratégiques, notamment avec Moïse Katumbi et Claudel Lubaya. Désormais installé à Addis-Abeba, Kabila semble chercher à fédérer l’opposition autour de sa personne. Cependant, des interrogations subsistent : peut-il réellement mobiliser la rue face à un parlement largement dominé par le pouvoir en place ? Ses forces résideraient dans sa capacité à capitaliser sur son réseau politique et son expérience de mobilisation. L’année 2025 s’annonce décisive pour l’avenir politique du pays. L’opposition devra surmonter ses divisions internes pour faire front contre un régime déterminé à réviser la Constitution. La rue devient alors le principal champ de bataille.

Le rôle de Kabila et de la CENCO sera déterminant. Mais l’opposition saura-t-elle retrouver l’élan nécessaire pour réitérer ses succès passés ? Ou cédera-t-elle face à un pouvoir solidement établi ? La réponse se dessinera dans les mois à venir, alors que le spectre d’un bras de fer politique s’intensifie.
La rédaction de b-onetv.cd