À seulement 21 ans, Léa porte un fardeau bien trop lourd pour son âge. Son quotidien n’a rien de l’insouciance qui devrait accompagner la jeunesse. Depuis quatre ans, elle jongle entre responsabilités et sacrifices, depuis ce jour où sa vie a basculé brutalement.
Ses parents ont perdu la vie dans un accident de baleinière sur le fleuve, dans le Bandundu. Du jour au lendemain, Léa s’est retrouvée seule, avec trois jeunes frères à élever. Fini l’enfance, les rêves et les projets d’avenir. Elle est devenue tout à la fois : sœur, mère, et chef de famille.
Une jeunesse volée par le devoir
“Quand mes parents sont partis, j’ai compris que ma vie ne serait plus jamais la même. J’avais à peine 17 ans et, du jour au lendemain, je devais m’occuper de tout : la maison, la nourriture, l’école de mes frères… Je n’ai pas eu le temps de pleurer. J’ai dû me lever et avancer.” témoigne-t-elle, la voix empreinte de gravité.
Chaque matin, avant l’aube, Léa prépare les repas de ses frères, puis elle part vendre quelques produits au marché. C’est grâce à cette activité qu’elle subvient aux besoins de sa famille. Ses études, pourtant essentielles à son avenir, sont passées au second plan.
“Je regarde les filles de mon âge et je me demande comment aurait été ma vie si mes parents étaient encore là. J’aurais aimé finir mes études, avoir des rêves… Mais aujourd’hui, mon seul rêve, c’est que mes frères ne manquent de rien.” Malgré la fatigue et les épreuves, elle se bat. Elle refuse que ses frères abandonnent l’école, même si cela signifie renoncer à bien des choses pour elle-même.
Une force silencieuse admirée de tous
Dans son quartier, on la respecte et on l’admire. “C’est une fille courageuse, elle ne pleure pas, elle ne se plaint jamais. Mais nous savons tous que c’est dur pour elle. Elle a grandi trop vite.” confie une voisine, émue. Mais derrière cette force apparente, Léa porte une fatigue immense. Elle n’a pas choisi cette vie, elle l’a subie. Pourtant, elle refuse d’abandonner. “Je suis fatiguée, mais je ne peux pas me permettre de flancher. Pour mes frères, je dois être forte. Je suis leur seule famille maintenant.”
Un 8 mars pour celles qui luttent dans l’ombre
En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, on parle d’égalité, de liberté, d’émancipation. Mais qu’en est-il des jeunes filles comme Léa ? Celles qui n’ont pas le luxe de se battre pour leurs propres droits, parce qu’elles doivent d’abord survivre.
Le combat féministe, c’est aussi celui de ces héroïnes silencieuses. Celles qui portent sur leurs épaules un poids bien trop lourd. Celles qui ne figurent pas dans les discours officiels, mais qui se battent chaque jour, dans l’ombre, avec courage et résilience. Léa est l’une d’elles.
Perle Mbiya