La ville de Goma bruisse de spéculations : Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République démocratique du Congo, serait présent dans la capitale provinciale du Nord-Kivu. Des vidéos floues, des témoignages contradictoires et quelques photos prises à la volée alimentent la rumeur. On le dit réfugié dans une résidence sécurisée à l’est de la ville, à l’abri des regards. Pourtant, à ce jour, aucune preuve tangible n’a été apportée, et aucune confirmation officielle n’a été faite par les autorités locales ou nationales.
Alors que les réseaux sociaux s’enflamment, Kinshasa, de son côté, ne reste pas silencieuse. Le Ministre de la Justice a annoncé, dans un communiqué officiel, l’ouverture de poursuites judiciaires pour haute trahison contre Joseph Kabila, l’accusant de collusion avec l’agresseur rwandais et le groupe terroriste M23/AFC. Il est reproché à l’ex-chef de l’État une implication directe dans les événements qui secouent l’Est du pays, marquant un tournant inédit dans l’histoire judiciaire de la RDC.
À cette annonce s’ajoute la suspension immédiate de toutes les activités du PPRD, son parti politique, par le Ministère de l’Intérieur. Le gouvernement accuse Kabila d’avoir gardé le silence face à l’agression militaire en cours et de s’être rendu à Goma – une ville partiellement contrôlée par les forces ennemies – sous leur protection, ce qui alimente encore davantage les soupçons de connivence.
Dans ce climat tendu, une adresse publique de Joseph Kabila depuis Goma avait été annoncée par certaines sources proches de son entourage. Elle se fait toujours attendre. Ce silence prolongé suscite des interrogations : manœuvre politique ou recul stratégique ? Certains analystes y voient une tentative de retour sur la scène nationale via une mise en scène bien orchestrée ; d’autres y perçoivent un signe de panique ou d’isolement.
Kabila cherche-t-il à se repositionner comme figure de ralliement dans un contexte de crise ? Ou s’agit-il d’un simple épisode d’agitation médiatique autour d’un homme dont l’ombre continue de planer sur la politique congolaise ? Une chose est sûre : la rumeur de sa présence à Goma, combinée aux décisions judiciaires et politiques de Kinshasa, a ravivé la polarisation nationale.
À défaut de preuve visuelle irréfutable ou de confirmation officielle, l’affaire Kabila à Goma reste pour l’instant suspendue entre soupçon, stratégie et communication. Mais au regard des accusations portées, l’ancien président ne semble plus bénéficier de l’immunité informelle dont jouissaient jusque-là les figures historiques du pouvoir en RDC. La suite pourrait bien ébranler durablement l’échiquier politique congolais.
Junior Kulele