Depuis l’occupation de Goma par les rebelles du M23, les banques, coopératives d’épargne et institutions de microfinance ont suspendu leurs activités, obligeant les clients à se tourner vers les solutions digitales pour accéder à leur argent. Cette adoption forcée des services bancaires numériques met en lumière l’importance des technologies financières en période de crise.
Malgré la fermeture des agences bancaires, les fonctionnaires et autres travailleurs continuent de percevoir leurs salaires, mais ne peuvent pas les retirer physiquement. Face à cette contrainte, les applications bancaires et les services financiers mobiles sont devenus le seul moyen d’effectuer des transactions. « Ces services existaient déjà, mais ils étaient peu utilisés. Depuis l’arrivée du M23, ils sont devenus indispensables », témoigne un habitant de Goma.
Depuis février dernier, plusieurs coopératives et institutions de microfinance ont renforcé leur communication et mis en place des plateformes en ligne, accessibles via leurs sites Web et applications mobiles. Ces outils permettent aux clients d’effectuer des dépôts, retraits, virements et remboursements de crédits en toute autonomie.
Face aux difficultés économiques des habitants, les responsables des coopératives ont annoncé la suspension temporaire des recouvrements forcés pour les clients ayant contracté des crédits. Seuls ceux pouvant rembourser le font via les plateformes digitales. Concernant les pénalités et retards de remboursement, des négociations individuelles sont prévues afin de ne pas aggraver la précarité des emprunteurs en cette période troublée.
Si cette situation est née d’une contrainte, elle pourrait amorcer une transformation durable des habitudes financières en RDC. L’adoption accélérée des services bancaires numériques pourrait favoriser leur développement à long terme, renforçant ainsi l’inclusion financière dans le pays.
Toutefois, des défis subsistent, notamment la fiabilité des infrastructures numériques, l’accès stable à Internet et la sécurisation des transactions. L’avenir dira si cette crise aura définitivement changé la manière dont les Congolais interagissent avec les services financiers.
Junior Kulele