Les combats entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 s’intensifient dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu. Ce jeudi, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé la « profonde préoccupation » de son pays face à l’escalade des violences aux abords de Bukavu, après la prise de Goma par les rebelles.

Au cours d’un entretien avec son homologue congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, le chef de la diplomatie française a réaffirmé le soutien « sans faille » de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la RDC. « La France condamne fermement les offensives du M23, activement soutenu par le Rwanda, et appelle au retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais », a-t-il déclaré.
Cette prise de position intervient alors que le cessez-le-feu, recommandé par les chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) lors d’un sommet à Dar es Salaam, n’a pas été respecté. Les échanges entre les deux ministres ont ainsi porté sur les initiatives diplomatiques en cours pour parvenir à une désescalade et relancer le processus de négociation.
Pendant ce temps, les affrontements continuent à s’intensifier sur le terrain. Ce matin, des combats ont été signalés dans la localité de Chofi, à environ 35 kilomètres de Kavumu, où se trouve l’aéroport principal du Sud-Kivu ainsi qu’une base militaire stratégique.
Sur le plan humanitaire, la situation ne cesse de se dégrader. Depuis le 29 janvier, au moins 30 000 personnes ont fui les affrontements, quittant les villages du littoral de Minova, notamment Kasunyu, Nyamasasa, Ruhunde, Karango et Kiniezire/Mukwidja. Elles ont trouvé refuge dans diverses localités, notamment Idjwi, Kalehe centre, Katana, Kavumu, Mudaka et Bukavu. D’autres déplacés ont pris la direction de Bunyakiri et Kalungu.

L’inaction face à la montée en puissance du M23 inquiète également les milieux diplomatiques européens. En France, le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, Cédric Perrin, a exhorté ce jeudi toutes les parties prenantes à intensifier leurs efforts pour stopper la progression des rebelles dans le Sud-Kivu.
Lors de son entretien avec Thérèse Kayikwamba Wagner, M. Perrin a insisté sur l’urgence d’obtenir un cessez-le-feu avant que le conflit ne dégénère en une catastrophe humanitaire encore plus grave. Il a rappelé que l’offensive du M23 survient « après la sanglante prise de Goma », qui a causé la mort de 3 000 personnes et fait près de 4 000 blessés. À ce jour, 900 corps restent entassés dans les morgues des hôpitaux de la ville.
La ministre congolaise a souligné l’extrême précarité dans laquelle se trouve la population de Goma, où l’approvisionnement est perturbé et où des centaines de milliers de déplacés vivent dans des conditions désastreuses, exposés à un risque épidémique croissant.
Face à l’implication directe du Rwanda dans cette crise, Thérèse Kayikwamba Wagner a salué les efforts diplomatiques de la communauté internationale, tout en appelant à des mesures concrètes contre Kigali. « Il est impératif d’appliquer des sanctions ciblées et d’imposer un embargo contre le régime rwandais », a-t-elle plaidé.
Alors que les combats s’intensifient et que la situation humanitaire se détériore, l’attention est désormais tournée vers la communauté internationale, appelée à agir avec fermeté pour restaurer la paix et la stabilité en RDC.
La rédaction de b-onetv.cd