La relation entre les magistrats et le ministère de la justice est très tendue depuis l’avènement du gouvernement Suminwa. Des tensions alimentées par les déclarations et réformes que propose Constant Mutamba, qui ne cesse de dire sa détermination à guérir l’appareil judiciaire congolais. Après le calme qui a suivi des déclarations de magistrats pointant du doigt le ministre d’Etat, la question de l’évasion ratée à la prison centrale de Makala vient raviver un conflit qui était sur le point d’être oublié.

Réagissant à ce drame dans le lieu carcéral de Makala, le plus grand et réputé de la RDC, ayant causé la mort de 129 prisonniers dont 24 par balles, le Vice-ministre de la Justice Samuel Mbemba a déclaré que ce sont les magistrats qui sont à la base de cette tentative d’évasion, parce qu’ils transfèrent des détenus en prison. Il a ainsi décidé, dans une note circulaire, d’interdire le transfèrement des détenus préventifs à la prison centrale de Makala et à la Prison militaire de Ndolo.
Piqué au vif, le bureau du Conseil supérieur de la magistrature s’est réuni ce mercredi 04 septembre et à l’issue de laquelle il a fait une déclaration musclé contre le vice-ministre. Pour cette institution, les magistrats ne sont aucunement responsables de la surpopulation à Makala. Car rappelle-t-il, « la prison centrale de Makala fut construite en 1957 avec une capacité d’accueil de 1.500 détenus pour une population de plus ou moins 250.000 habitants de la ville de Kinshasa », peut-on lire dans ce document signé par le président du CSM Dieudonné Kamuleta.

La surpopulation dans la prison centrale de Makala, indique le bureau du Conseil, tient au fait de l’importante évolution démographique dans la ville de Kinshasa mais aussi à la montée de la criminalité. « la solution appropriée pour résorber la surpopulation carcérale à la prison de Makala tient à la fois à la construction de nouvelles prisons et maisons d’arrêt, et à l’application stricte de la loi sur la détention ainsi que celle sur le régime pénitentiaire », propose le bureau du Conseil.
Se défendant, le pouvoir judiciaire déclare aussi que les détentions opérées par les magistrats sont une réponse légale et idoine pour sécuriser la population. « Demander au magistrat de ne pas l’arrêter ni le transférer à la prison constitue une violation flagrante de la loi et surtout une autre manière d’installer », a dit le CSM, accusant ainsi le vice ministre de la Justice d’exposer les magistrats à la vindicte populaire, alors qu’il y a un cadre de concertation pour traiter les questions du secteur de justice.
Emille Kayomba