Un an après sa prise de fonction, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, présente un bilan économique largement salué, jugé par plusieurs observateurs comme l’un des plus structurants de ces dernières années. Ancré dans le pilier 1 de son Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), axé sur la création d’emplois et la protection du pouvoir d’achat, ce premier exercice se distingue par une série de réformes macroéconomiques, sociales et industrielles ambitieuses.
L’un des indicateurs les plus symboliques du redressement est la stabilisation du taux de change, resté autour de 2 856 CDF/USD depuis août 2024. Cette stabilité monétaire a permis de préserver le pouvoir d’achat et de rétablir la confiance du marché. De plus, l’inflation, qui s’élevait à 23,8 % fin 2023, est désormais ramenée à moins de 10 %, avec une prévision de 7,8 % pour fin 2025, grâce à une politique budgétaire disciplinée.
Les réserves internationales, elles, sont passées de 4,82 à 6,15 milliards USD, assurant plus de trois mois de couverture des importations, un niveau jamais atteint depuis plus d’une décennie. Cette performance renforce la crédibilité du pays auprès de ses partenaires financiers internationaux.
La rigueur budgétaire s’est aussi traduite dans la réduction des dépenses en mode d’urgence (de 33 % à 12 %) et dans la diminution du train de vie des institutions de 30 %. Les crédits d’investissement sont, quant à eux, passés de 32,6 % à 44 %, ce qui reflète une volonté claire d’orienter les ressources vers les secteurs prioritaires : santé, éducation, infrastructures.
À noter également, le doublement des soldes des militaires et policiers, ainsi que la prise en charge de leurs familles, témoignant d’une politique de sécurité intégrée et d’un soutien accru aux forces de défense.
La Première ministre s’est attaquée aux fondements d’une économie encore trop dépendante des importations et sujette aux chocs. L’un des résultats majeurs concerne la baisse des prix des produits de base, notamment : Le sac de maïs de 100 kg, passé de 255 000 CDF à 150 000 CDF ; La mesurette locale, vendue désormais entre 1 800 et 3 000 CDF contre 5 000 CDF auparavant ; Une baisse de 13 % du prix à la pompe entre 2023 et 2025, accompagnée du règlement des dettes envers les sociétés pétrolières (292 millions USD apurés).
Grâce à une politique ciblée – suppression des taxes sur le maïs importé, subventions au transport ferroviaire via la SNCC, et soutien à la production locale –, le gouvernement a permis une réduction des prix dans les provinces les plus vulnérables, comme le Kasaï et le Katanga. Le programme « Transforme » dote les femmes et les jeunes entrepreneurs d’un fonds de 300 millions USD pour 25 000 entreprises, visant 75 000 emplois directs. Par ailleurs, 1 385 contrats de sous-traitance ont été signés, pour 2,045 milliards USD au bénéfice de 786 PME congolaises.
Le secteur industriel bénéficie d’un soutien spécifique à travers : Suki (Sud-Kivu) : 9 millions USD pour le sucre. Sotexki (Tshopo) : 5,6 millions USD pour le textile. New Cimalko (Tshopo) : 6,7 millions USD pour le ciment. Triomf RDC : 14 millions USD pour les engrais chimiques. Ces projets marquent un début de diversification de l’économie congolaise, longtemps concentrée sur l’exportation brute des ressources minières.
Autre levier stratégique : la rationalisation de la parafiscalité. Le gouvernement a entrepris une réduction drastique du nombre de taxes, l’harmonisation des redevances entre les niveaux de pouvoir, et la suppression des tracasseries administratives, jadis frein à l’investissement privé.
La politique menée par Judith Suminwa repose sur trois piliers fondamentaux :
La rigueur macroéconomique : les signaux envoyés aux bailleurs sont clairs – la RDC veut assainir sa gestion, stabiliser sa monnaie et restaurer la discipline budgétaire.
La protection du pouvoir d’achat : à travers la baisse des prix des denrées essentielles et la régulation des produits stratégiques comme les carburants.
La transformation économique : par la relance industrielle, le soutien aux PME, et l’autonomisation des jeunes et des femmes.
Cependant, des défis subsistent : Le secteur minier, principal moteur économique, reste dominé par des multinationales et peu générateur d’emplois locaux. Les infrastructures logistiques (routes, énergie, télécoms) sont encore en retard pour soutenir une industrialisation massive. Le tissu bancaire reste frileux à financer les PME, malgré les incitations de l’État.
Mais la rupture avec les pratiques du passé – où les dépenses improductives dominaient – est nette. Judith Suminwa propose une nouvelle matrice économique, où l’investissement productif, la stabilité monétaire et la gouvernance responsable forment les socles d’une économie plus résiliente.
Le premier bilan du Gouvernement Suminwa est solide, structuré et tourné vers l’avenir. Les premiers résultats sont tangibles, les réformes crédibles, et la trajectoire engagée. À condition de maintenir le cap, d’accélérer les réformes dans les secteurs critiques, et de pérenniser les acquis, la RDC pourrait enfin tourner la page de la fragilité chronique et embrasser un développement économique durable et inclusif.
Junior Kulele
