Le ministre d’État de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, a procédé, ce mercredi 26 mars à Kinshasa, au lancement officiel de l’opération de délivrance du permis d’exercice de culte. Cette initiative vise à identifier les pasteurs, les communautés et les confessions religieuses afin d’assainir le secteur religieux en RDC.

Cette démarche s’inscrit également dans le cadre de l’application stricte de la circulaire imposant une distanciation minimale de 500 mètres entre les lieux de culte, une mesure prise pour éviter la prolifération anarchique des églises sur le territoire congolais. Lors de son allocution, le ministre Constant Mutamba a dénoncé le comportement de certains leaders religieux qui, selon lui, ternissent l’image de la foi : « Il y avait peu de différence entre les hommes de Dieu et les non-croyants. Cet assainissement passe indubitablement par l’identification que nous lançons aujourd’hui », a-t-il déclaré.
Cette phase pilote, qui démarre à Kinshasa, s’étendra progressivement jusqu’au mois de juin, avant d’être élargie aux autres provinces du pays. L’objectif est de recenser et réguler les confessions religieuses en imposant un cadre légal clair à leur fonctionnement. L’un des axes majeurs de cette opération concerne la lutte contre les « faux pasteurs », accusés de manipuler et d’abuser des fidèles. Le ministre de la Justice a averti que ceux qui ne respecteront pas les nouvelles règles s’exposeront à des sanctions sévères, allant jusqu’à l’incarcération.
« Nous allons traquer tous ces « faux pasteurs » et les envoyer à la prison d’Angenga au Kongo-Central. Ils sont plus dangereux que les hommes armés dans notre société », a prévenu Constant Mutamba. Il a également fustigé les dérives observées ces dernières années dans le milieu religieux, notamment les querelles entre pasteurs diffusées sur les médias, qui, selon lui, ont désacralisé la mission spirituelle des Églises. « À certains moments, on voyait des pasteurs se régler des comptes en direct sur les médias, s’insultant et se diffamant mutuellement. Cela a découragé de nombreux croyants », a-t-il déploré.
Le ministre a aussi dénoncé le phénomène du dédoublement des communautés religieuses, où certains pasteurs quittent leur église d’origine et en fondent une autre, en s’appropriant souvent les biens de la communauté initiale.

Face à cette situation, le gouvernement congolais entend remettre de l’ordre dans ce secteur en veillant à ce que chaque église, communauté religieuse ou pasteur respecte les normes établies. Avec cette initiative, les autorités espèrent restaurer la crédibilité des institutions religieuses, qui jouent un rôle clé dans la société congolaise, mais dont l’image a été entachée par des abus et des scandales.
L’opération de délivrance du permis d’exercice de culte marque ainsi un tournant majeur dans la régulation du paysage religieux en RDC et pourrait changer en profondeur le fonctionnement des confessions religieuses dans le pays.
Junior Kulele