De retour d’une mission en Afrique centrale, le membre du Congrès américain Ronny Jackson, envoyé spécial de Donald Trump, a dressé un constat alarmant sur la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC). Devant une commission du Congrès, mardi, il a affirmé que l’Est congolais était devenu une zone « totalement non gouvernée« , où les autorités de Kinshasa n’avaient plus les moyens de contrôler la situation.
Un territoire hors de contrôle et une armée inefficace
Ronny Jackson, qui a rencontré les présidents de la RDC et du Rwanda lors de sa tournée, s’est dit à la fois encouragé sur certains aspects et découragé sur d’autres. Selon lui, la richesse naturelle de la RDC, estimée à des dizaines de milliers de milliards de dollars, pourrait faire du pays l’un des plus riches au monde, mais cette prospérité reste inaccessible en raison de l’insécurité persistante.
« L’Est de la RDC est une zone totalement non gouvernée. C’est le ‘wild, wild east’« , a-t-il déclaré, ajoutant que le gouvernement congolais n’avait pas la capacité d’y imposer son autorité et se contentait de profiter des ressources, au même titre que d’autres acteurs présents sur le terrain. Il accuse notamment l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi d’exploiter illégalement les minerais congolais et déplore l’absence de réaction internationale face à cette situation : « Tout le monde le fait, et il n’y a rien pour les arrêter. »
Concernant le M23, Ronny Jackson estime que le groupe rebelle n’affronte actuellement aucune réelle opposition, même sans un soutien actif du Rwanda. Il dresse un tableau particulièrement sévère des Forces armées congolaises (FARDC), affirmant que leurs soldats fuient les combats ou, dans certains cas, rejoignent le M23.
Un problème de citoyenneté et une solution par l’intégration ?
L’émissaire de Donald Trump met également en avant un « problème interne » au Congo, soulignant que de nombreux membres du M23 ne sont pas reconnus comme citoyens congolais. Il attribue cette situation aux anciennes frontières coloniales, expliquant que des populations historiquement rwandaises ont été assimilées en Ouganda mais pas en RDC. Il préconise donc une approche inclusive pour résoudre cette crise : « Tous doivent être traités comme citoyens congolais avec tous les droits qui y sont liés. » Dans cette logique, il suggère l’intégration du M23 dans les forces armées congolaises, estimant que cela permettrait de transformer ces combattants en « citoyens congolais qui défendent leur pays ».
Tensions entre Tshisekedi et Kagame : un frein à la paix ?
Ronny Jackson pointe également du doigt l’absence de dialogue constructif entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Il affirme que les tensions personnelles entre les deux dirigeants sont un obstacle à la stabilité régionale : « Ils ne peuvent pas s’entendre. À un moment, il faut mettre les différends personnels de côté. » Il propose une approche économique pour apaiser ces tensions, suggérant que les pays voisins partagent les bénéfices des ressources de l’Est congolais, notamment par le biais du raffinage des minerais dans plusieurs pays. « Si chacun peut y trouver un intérêt, alors chacun aura une raison de garantir la sécurité. »
Un climat des affaires peu attractif
En plus des défis sécuritaires, le climat des affaires en RDC est un autre frein majeur au développement, selon Ronny Jackson. Il rapporte un exemple frappant d’une entreprise suisse valorisée à 18 milliards de dollars, qui a reçu une facture fiscale de 80 milliards avant qu’elle ne soit ramenée à un milliard après réclamation. Il dénonce des pratiques telles que la corruption, les pots-de-vin, la manipulation des taux de change et l’arbitraire judiciaire, qui découragent les investisseurs étrangers. Il affirme notamment que : « Les Chinois peuvent se permettre de payer les pots-de-vin, ce que les entreprises américaines ne peuvent pas faire.«
Enfin, il accuse certains membres du gouvernement congolais et leurs familles de s’enrichir massivement, alors que la population vit dans des conditions misérables.
« Je ne sais pas encore quelle est la solution »
Ronny Jackson, qui préside la sous-commission des services armés à la Chambre des représentants, admet qu’il n’a pas encore de solution définitive pour sortir la RDC de cette crise. Mais il insiste sur l’urgence de régler ces problèmes, faute de quoi aucune avancée ne sera possible. « Je ne sais pas encore quelle est la solution, mais tant qu’on ne règle pas ces problèmes, le reste ne comptera pas. »
Ses déclarations pourraient raviver les débats sur l’implication des États-Unis dans la région des Grands Lacs et sur les stratégies à adopter face aux défis sécuritaires, économiques et diplomatiques que traverse la RDC.
La rédaction de b-onetv.cd