Le 5 décembre dernier, la Haute cour militaire de la RDC a condamné à mort cinq membres de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), mouvement rebelle dirigé par Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Cette décision, qualifiée de « victoire judiciaire » par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, suscite une vive controverse, notamment de la part des organisations de défense des droits de l’homme.
Pour Constant Mutamba, cette condamnation est une réponse ferme à ceux qui « trahissent la nation au profit d’intérêts étrangers ». Il a déclaré que l’État veillera à exécuter les sentences pour les condamnés présents à Kinshasa et poursuivra les fugitifs par le biais de mandats d’arrêt internationaux. Ces déclarations témoignent d’une volonté gouvernementale de montrer sa fermeté face aux menaces à la sécurité nationale.
Le Consortium des ONG de défense des droits de l’homme a, quant à lui, exprimé son opposition catégorique à l’exécution de la peine de mort. Dans un communiqué publié le 6 décembre, il qualifie la sentence de « cruelle, inhumaine et dégradante » et dénonce un recul dans le respect des droits fondamentaux en RDC. Selon ces organisations, cette exécution serait en contradiction avec les engagements récents de la RDC en matière de droits de l’homme, notamment son élection au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour la période 2025-2027.
Le Consortium alerte sur les conséquences diplomatiques d’une telle décision, estimant qu’elle pourrait ternir l’image de la RDC et entraîner son exclusion des instances internationales de défense des droits humains. Il appelle à une mobilisation nationale et internationale pour empêcher l’application de ces sentences. Le Consortium recommande aux autorités judiciaires d’interjeter appel pour obtenir la commutation des peines de mort en d’autres sanctions moins sévères. Il sollicite également une intervention du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour rappeler à la RDC ses obligations internationales.
Sur le plan international, l’opposition à la peine de mort reste ferme. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme (HCDH) et l’Union européenne ont récemment réitéré leur position contre cette pratique, soulignant qu’elle est incompatible avec le droit fondamental à la vie et qu’elle n’a pas d’effet dissuasif prouvé sur la criminalité.
Ce procès met en lumière un dilemme majeur pour les autorités congolaises. D’une part, elles cherchent à affirmer leur autorité et garantir la sécurité nationale ; d’autre part, elles risquent de compromettre leur position sur la scène internationale en matière de droits humains. La question reste ouverte : le gouvernement choisira-t-il de privilégier la souveraineté nationale ou l’alignement avec les normes internationales ? La décision finale pourrait marquer un tournant, non seulement pour les condamnés, mais aussi pour l’image de la RDC dans le monde.
La rédaction de b-onetv.cd