La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) a tiré la sonnette d’alarme sur une pratique jugée scandaleuse dans les prisons de la République Démocratique du Congo, en particulier à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Selon Emmanuel Cole, président de cette organisation de défense des droits de l’Homme, des responsables au sein des établissements pénitentiaires monnayeraient l’accès à la grâce présidentielle.
Cette révélation a été faite mardi 14 janvier 2025 lors d’une interview accordée à Radio Okapi. Emmanuel Cole affirme être au courant de ces pratiques depuis plusieurs mois. Il accuse des gouverneurs de pavillons et certains greffiers de percevoir des sommes d’argent auprès des détenus dans le cadre de cette démarche illégale. « Le monnayage de la grâce présidentielle ne date pas d’aujourd’hui. Ce sont les gouverneurs de pavillons ainsi que certains greffiers qui récoltent cet argent. On se demande où va cet argent ? Les bénéficiaires de cette mesure doivent être libérés sans payer aucun frais », a-t-il dénoncé.
L’activiste pointe également du doigt une manipulation des infractions pour favoriser certains détenus. Selon lui, des crimes graves, notamment les viols, seraient parfois requalifiés pour rendre leurs auteurs éligibles à la grâce présidentielle. « Cette méthode est pratiquée dans plusieurs prisons à travers la RDC. Cela doit cesser immédiatement. Selon nos informations, les candidats à la grâce présidentielle ne sont pas nombreux, d’où cette tendance à disqualifier certaines infractions pour les inclure dans la liste des bénéficiaires. Les critères doivent être stricts pour éviter ces abus », a-t-il insisté.
Emmanuel Cole a exhorté le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, à prendre des mesures fermes contre ces pratiques. Il plaide pour que des enquêtes soient menées et que des sanctions sévères soient appliquées à toute personne impliquée dans ce qu’il qualifie de « business de la grâce présidentielle ».
Cette affaire relance le débat sur la gestion des prisons en République Démocratique du Congo, où des pratiques corruptives et l’absence de transparence continuent de fragiliser le système judiciaire. La grâce présidentielle, qui est censée être un geste humanitaire, semble être détournée pour des intérêts personnels. Les organisations de la société civile appellent à une réforme profonde du secteur pénitentiaire et à une application rigoureuse des lois pour rétablir la confiance dans les institutions judiciaires.
La rédaction de b-onetv.cd