Les relations entre le régime du Président Félix Tshisekedi et l’Église catholique, autrefois marquées par une coopération prudente, semblent désormais avoir atteint un point de rupture. Le ton a été donné à Mbuji-Mayi le jeudi 26 décembre 2024, lorsque le chef de l’État a qualifié certains membres du clergé catholique d’ennemis de la République, déclarant : « Les autres ennemis du Congo sont en soutane. »
Cette déclaration intervient après plusieurs mois de tensions croissantes. L’un des catalyseurs a été la position rigide adoptée par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), qui s’est fermement opposée à toute révision ou changement de la Constitution. Dans une déclaration récente, la CENCO a réitéré : « PAS DE RÉVISION. NI DE CHANGEMENT CONSTITUTIONNEL EN RDC. » Une prise de position perçue par le régime comme une tentative d’interférer dans les affaires politiques du pays.
Les critiques acerbes de certains prêtres contre la gestion du régime Tshisekedi, notamment sur les questions sécuritaires et sociales, ont également nourri ce climat d’animosité. Le ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, a récemment dénoncé ce qu’il qualifie de « discours incendiaires » émanant de leaders religieux. Lors d’une interview sur Top Congo FM, il a affirmé : « Lorsque j’entends leurs discours, ce sont des discours haineux. Même si on déteste le président, la manière dont certains chefs religieux s’expriment est inacceptable. Ils ignorent les déplacés de guerre et attaquent systématiquement le chef de l’État avec une haine viscérale. »
Le fossé entre les deux camps ne cesse de s’élargir. Déjà en juin 2023, lors d’une visite à Mbuji-Mayi, Félix Tshisekedi avait mis en garde contre les « dérives » de certaines figures de l’Église catholique. Il avait alors promis d’être « intransigeant » face à toute menace contre la stabilité du pays. Réaffirmant sa position, il avait déclaré : « Je m’attaquerai sans hésitation, sans remords, à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays. Peu importe ce qu’on en dira : violation des droits de l’homme, privation des libertés. Je n’ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit. »
Cette guerre verbale illustre un conflit d’intérêts plus profond. L’Église catholique, forte de son influence sociale et politique, a souvent joué un rôle critique dans la gouvernance congolaise, se positionnant en arbitre moral et dénonçant les dérives des régimes successifs. Cependant, l’administration Tshisekedi semble percevoir cette posture comme une menace directe à son autorité, surtout dans un contexte où les débats sur une possible révision constitutionnelle alimentent les divisions.
Cette escalade pourrait avoir des conséquences majeures. L’Église catholique, disposant d’un vaste réseau de fidèles à travers le pays, pourrait mobiliser l’opinion publique contre le régime. De son côté, le gouvernement pourrait durcir le ton, voire restreindre les activités des leaders religieux perçus comme dissidents.
Alors que les tensions politiques et sécuritaires persistent en RDC, ce conflit entre le régime Tshisekedi et l’Église catholique ajoute une nouvelle couche de complexité à une situation déjà fragile. Le dialogue semble indispensable pour éviter que cette confrontation n’aggrave davantage les divisions au sein du pays.
La rédaction de b-onetv.cd