La République Démocratique du Congo entre dans une nouvelle phase de riposte face à l’agression qu’elle subit. Désiré Cashmir Kolongele, conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité, a annoncé l’ouverture des consultations politiques en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Cette initiative, qui découle du mandat que lui a confié Félix Tshisekedi lors de son discours du 22 février dernier devant les sociétaires de l’Union Sacrée de la Nation, s’appuie sur des principes fondamentaux : suprématie de la Constitution, unité nationale, intangibilité des frontières, souveraineté nationale, respect des institutions et gouvernance inclusive et participative.
Toutefois, l’opportunité n’est pas ouverte à tous. L’opposition armée est d’ores et déjà exclue du processus. Seules quatre catégories d’acteurs sont concernées : La majorité parlementaire issue de l’Union Sacrée ; Les partis d’opposition, qu’ils soient parlementaires ou extraparlementaires ; La société civile, incluant les confessions religieuses ; Les personnalités indépendantes, y compris les candidats à la présidentielle.
Une initiative qui bouscule les équilibres politiques
L’initiative du Chef de l’État est perçue par certains observateurs comme une tentative de reprendre le contrôle du débat sur la cohésion nationale face à la crise de l’Est. Dans ce contexte, une question se pose : s’agit-il d’un coup porté à la démarche initiée par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) avec leur « Pacte social pour la paix » ?
Les deux organisations religieuses poursuivent activement leur mission de sensibilisation auprès des grandes puissances. Cette semaine, leurs représentants étaient à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron, puis à Bruxelles pour échanger avec la diplomatie belge. Leurs interlocuteurs ont salué leur initiative et promis leur soutien.
Parallèlement, d’autres confessions religieuses, notamment celles dites de « réveil », ont lancé une initiative similaire mais avec des ajustements visant, selon eux, à inclure davantage d’éléments fédérateurs. Certains observateurs y voient une tentative d’étouffer ou de discréditer la démarche de l’ECC et de la CENCO.
Un contexte marqué par des tensions politiques croissantes
Cette dynamique intervient alors que la communauté internationale appelle à un dialogue inclusif pour résoudre la crise sécuritaire. Or, la main tendue du Président Tshisekedi a été rejetée par l’opposition, qui y voit une manœuvre pour élargir la majorité présidentielle.
La scène politique congolaise assiste donc à la formation progressive de blocs antagonistes. Félix Tshisekedi cherche à renforcer son Union Sacrée, tandis que d’autres figures de l’opposition affûtent leurs stratégies. Joseph Kabila intensifie ses contacts à l’étranger et consolide son parti politique. Ses rencontres récentes avec Moïse Katumbi et Claudel Lubaya laissent présager un possible resserrement de son camp.
De son côté, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), branche politique du M23 dirigée par Corneille Nangaa, s’impose désormais comme un acteur incontournable dans la quête de paix. Pour certains analystes, Martin Fayulu et son Lamuka pourraient s’allier avec Sursaut National, conduit par Delly Sessanga. Jean-Marc Kabund, récemment sorti de prison, multiplie lui aussi les rencontres politiques. En parallèle, des organisations indépendantes redoublent d’efforts pour mobiliser la communauté internationale en faveur de la paix.
Une convergence vers la paix malgré des rivalités sous-jacentes
Si les différentes initiatives peuvent parfois sembler concurrentes, elles traduisent néanmoins une volonté générale de trouver une issue à la crise. En fin de compte, au-delà des calculs politiques, un consensus semble émerger : la RDC doit trouver une solution durable à la guerre qui la ronge à l’Est. La question demeure : quelle initiative parviendra à fédérer les Congolais et obtenir un soutien international décisif ?
Junior Kulele