Face à l’intensification des combats entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, le Président Félix Tshisekedi a annoncé, dans son adresse à la nation du 29 janvier 2025, une série de mesures visant à réduire le train de vie des institutions. L’objectif est clair : réorienter les ressources vers l’armée et les besoins sécuritaires du pays.
La taille du gouvernement congolais a toujours été critiquée pour son caractère budgétivore. Avec 57 ministres et vice-ministres, la RDC possède l’un des exécutifs les plus lourds d’Afrique. À cela s’ajoutent des dépenses importantes liées aux cabinets ministériels, aux avantages en nature et aux missions à l’étranger.
Selon des sources budgétaires, un ministre en RDC perçoit un salaire mensuel de près de 13 000 dollars, sans compter les primes et autres indemnités. Les membres du gouvernement bénéficient également de véhicules de fonction, de logements et d’un personnel d’assistance payé par l’État. Le coût global du gouvernement congolais est estimé à plusieurs centaines de millions de dollars par an.
Le Parlement, composé de 500 députés nationaux et 109 sénateurs, représente également une charge importante pour le Trésor public. Un député national touche environ 21 000 dollars par mois, y compris salaire, frais de fonctionnement et primes diverses. Un sénateur perçoit environ 18 000 dollars mensuels.
À cela s’ajoutent d’autres avantages tels que des véhicules, des voyages à l’étranger et des fonds alloués pour des projets de développement dans leurs circonscriptions. Pourtant, l’efficacité législative du Parlement congolais est souvent remise en question, notamment en raison du faible nombre de lois adoptées et du manque de contrôle rigoureux de l’action gouvernementale.
Alors que la RDC fait face à une crise sécuritaire majeure à l’Est, ces dépenses massives semblent de plus en plus difficiles à justifier. Le budget général du pays pour 2025 est estimé à environ 16 milliards de dollars, mais une grande partie est absorbée par les dépenses récurrentes des institutions au détriment des investissements prioritaires dans la défense, les infrastructures et les services sociaux.
Dans son discours, Félix Tshisekedi a insisté sur l’urgence d’une réduction significative du train de vie des institutions afin de libérer des fonds pour l’effort de guerre et le soutien aux FARDC. Les économies réalisées seront directement réorientées vers l’achat d’équipements militaires, le soutien aux soldats sur le terrain et l’amélioration des conditions de vie des populations affectées par la guerre.
Au-delà de la réduction des dépenses publiques, le Chef de l’État a également appelé le secteur privé à s’impliquer activement dans cet effort national. Les entreprises congolaises sont invitées à contribuer financièrement ou matériellement à la défense nationale. Cette initiative rappelle l’idée d’un fonds national de solidarité pour la guerre, qui pourrait être alimenté par des contributions volontaires de citoyens et d’entreprises.
Si cette déclaration marque une prise de conscience de la nécessité de rationaliser les dépenses de l’État, plusieurs observateurs restent sceptiques quant à son application. Des réformes structurelles seront nécessaires pour encadrer ces réductions et éviter qu’elles ne restent de simples promesses politiques.
Les Congolais attendent désormais des mesures concrètes et immédiates, telles que la suppression des avantages excessifs des membres du gouvernement et du Parlement, la réduction du nombre de ministères et un audit des finances publiques. Alors que le pays traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire récente, la mise en œuvre rapide et efficace de ces réformes sera un test décisif pour le leadership du Président Tshisekedi.
La rédaction de b-onetv.cd