Huit ans après le lancement de la réforme de l’aménagement du territoire en République démocratique du Congo (RDC), le ministre d’État Guy Loando Mboyo a fait le point ce lundi 12 mai lors d’un point de presse tenu à Kinshasa. Un exposé détaillé sur l’état d’avancement de ce vaste chantier qui vise à repenser l’occupation et la gestion de l’espace national, dans un contexte de catastrophes naturelles de plus en plus récurrentes.
Une réponse à l’urgence territoriale
Le sujet revient sur le devant de la scène alors que Kinshasa, à l’instar d’autres villes du pays, continue de subir les conséquences des inondations meurtrières, exacerbées par une urbanisation anarchique. Ces drames soulignent, selon le ministre, la nécessité impérieuse d’un aménagement du territoire structuré et inclusif.
De grandes avancées depuis 2020
Guy Loando se veut rassurant : « un grand pas a été franchi en quatre ans », affirme-t-il. Depuis 2020, la RDC s’est dotée d’une politique nationale d’aménagement du territoire, une première dans l’histoire du pays. Cette politique est accompagnée d’un Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT), fruit de deux années de consultations et d’études. Elle sert de boussole pour les provinces qui doivent à leur tour élaborer leurs propres plans provinciaux.
Un guide méthodologique a été mis à leur disposition pour les accompagner dans cette tâche. Toutefois, la loi fondamentale encadrant l’aménagement du territoire n’est pas encore promulguée, bien qu’attendue depuis la législature précédente. Le ministre reste optimiste : « Nous espérons que cette loi pourra être adoptée avant la fin de cette session parlementaire ».
Des outils et structures de pilotage créés
En parallèle de la législation, des structures clés ont été mises en place : l’Agence nationale de l’Aménagement du territoire (ANAT), le Fonds national de l’Aménagement du territoire (FONAT), et l’Observatoire national de l’Aménagement du territoire (ONAT). Ce dernier, doté d’agents qualifiés et de policiers ayant rang d’Officiers de police judiciaire (OPJ), a pour mission de surveiller l’usage de l’espace congolais.
À cela s’ajoute un annuaire exhaustif des ressources naturelles du pays – sol, sous-sol, renouvelables et non renouvelables – qui sera rendu public sous peu.
Une ouverture sur l’innovation géospatiale
La RDC a récemment adhéré au Group on Earth Observations (GEO), une initiative internationale qui fournit des données géospatiales pour anticiper les catastrophes naturelles et les impacts climatiques. Une avancée stratégique, selon le ministre, qui s’accompagne de la mise en place prochaine d’un Géoportail national. Celui-ci regroupera les données de 30 ministères, dans des domaines allant de la santé à l’agriculture.
Des projets pilotes pour concrétiser la réforme
Le ministre est aussi revenu sur le projet de ville durable à Boma, mis en œuvre avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), pour un montant de 50 millions d’euros. Choisie comme ville pilote en raison de son histoire et de sa position stratégique, Boma devrait accueillir un développement urbain tourné vers les générations futures, intégrant entrepreneuriat, tourisme et respect environnemental. « Tout a été finalisé. Le Conseil des ministres a donné son accord », a précisé Guy Loando.
Kinshasa Mercantile Exchange : vers une bourse des matières premières
En conclusion, le ministre a évoqué le projet stratégique Kinshasa Mercantile Exchange (KME). Cette bourse des matières premières, en cours de développement avec des partenaires internationaux, notamment américains, vise à valoriser de manière plus transparente et compétitive les ressources naturelles congolaises.
Si de nombreux outils de planification ont été mis en place et plusieurs structures créées, le processus de réforme de l’aménagement du territoire reste tributaire de la promulgation d’une loi-cadre attendue. Néanmoins, les avancées déjà réalisées laissent entrevoir les prémices d’un territoire congolais « aéré et cohérent », selon les mots du ministre Guy Loando.
La rédaction de b-onetv.cd