Le chef des forces de défense ougandaises (UPDF), le général Muhoozi Kainerugaba, est arrivé ce vendredi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), pour une visite officielle marquée par une rencontre stratégique avec le lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe, chef d’état-major général des Forces armées de la RDC (FARDC). À sa descente d’avion, il a été accueilli avec les honneurs protocolaires réservés aux hauts dignitaires militaires, sous le regard attentif de la presse et des observateurs.

Cette visite, hautement symbolique, intervient dans un contexte régional encore sous tension, où les relations entre la RDC et certains pays voisins, dont l’Ouganda, oscillent entre coopération militaire et rivalités diplomatiques.
Le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et figure controversée de la scène politique et militaire est-africaine, n’est pas un inconnu en RDC. Il s’était illustré ces derniers mois par des déclarations publiques ouvertement favorables au président rwandais Paul Kagame, allant jusqu’à proférer des menaces à peine voilées contre les officiers congolais et à multiplier les propos jugés hostiles, voire insultants, à l’encontre de l’armée congolaise et du peuple congolais.
L’accueil chaleureux qui lui a été réservé à Kinshasa ce jour contraste donc fortement avec ses prises de position passées, soulevant de nombreuses interrogations. Pour certains analystes, cette rencontre illustre une volonté de dépassement des tensions verbales au profit de la realpolitik et de la coopération sécuritaire régionale face aux défis communs, notamment les groupes armés actifs dans l’est de la RDC.
La rencontre entre les deux chefs d’état-major aurait porté sur la situation sécuritaire à l’est du Congo, la coordination des opérations transfrontalières et les perspectives de collaboration dans le cadre des mécanismes sous-régionaux. Aucune déclaration officielle n’a encore été rendue publique, mais des sources proches des deux délégations parlent d’un « climat d’écoute et d’ouverture ».
La RDC, confrontée à une guerre hybride alimentée notamment par la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda, semble vouloir maintenir une ligne de dialogue avec tous les acteurs régionaux, y compris ceux avec lesquels elle entretient des relations ambivalentes.
L’arrivée du général Muhoozi à Kinshasa, malgré ses antécédents verbaux, pose la question de la cohérence des alliances militaires et diplomatiques dans la région des Grands Lacs. Pour certains Congolais, c’est une pilule amère à avaler : voir celui qui vilipendait hier leur armée être aujourd’hui reçu avec faste et salué par ses pairs.
Mais dans les coulisses du pouvoir, la priorité semble être ailleurs : maintenir la stabilité régionale, contenir les menaces sécuritaires et préserver les équilibres politiques à travers des canaux bilatéraux et multilatéraux. En attendant les suites concrètes de cette visite, une chose est certaine : la géopolitique est souvent faite de revirements inattendus — et celui-ci ne manquera pas d’alimenter les débats dans les jours à venir.
La rédaction de b-onetv.cd