Après plus de trois décennies d’absence, la République Démocratique du Congo (RDC) retrouve, avec éclat, son siège de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies pour le mandat 2026–2027. Élue avec 183 voix sur 187, cette victoire diplomatique majeure est à la fois une reconnaissance internationale du rôle croissant de la RDC et un signal fort du renouveau de sa diplomatie sous l’impulsion du Président Félix Tshisekedi.
La candidature de la RDC n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans une stratégie diplomatique affirmée et active menée ces dernières années. Lors de la clôture de la campagne, le président Tshisekedi a mis en avant les atouts géopolitiques, économiques et environnementaux de la RDC pour défendre les causes africaines au sein du CSNU.
L’élection de la RDC a été soutenue par les pays de la sous-région et de l’Union Africaine, qui ont unanimement entériné sa candidature. La RDC a également bénéficié d’un intense lobbying dans les grandes capitales du monde, renforçant ainsi sa stature de pays pivot africain.
La RDC entend faire entendre la voix de l’Afrique sur les questions de sécurité, de développement durable, de gouvernance mondiale, et de justice climatique. Elle se positionne comme porte-étendard d’une Afrique proactive, qui ne se contente plus de subir les décisions internationales mais qui y participe activement.
Ce mandat intervient dans un contexte de crise sécuritaire persistante dans l’Est du pays. Être au Conseil de sécurité donne à la RDC une tribune diplomatique unique pour attirer l’attention sur cette situation, interpeller les acteurs internationaux, plaider pour des sanctions ciblées, et mobiliser des mécanismes multilatéraux pour un retour à la paix.
La RDC se positionne également comme acteur crédible sur les questions de résilience post-conflit, de transition écologique grâce à son potentiel forestier et hydroélectrique, et de gouvernance globale. Son retour marque l’affirmation d’un leadership renouvelé qui veut peser dans les débats majeurs de notre temps.
Les avantages géopolitiques et diplomatiques sont donc le renforcement de la diplomatie congolaise :
Visibilité accrue, accès aux dossiers stratégiques, développement du soft power.
Une trbune pour les enjeux africains : Paix, climat, sécurité, réforme du système des Nations Unies.
Un accès privilégié aux prises de décisions même sans droit de veto, la RDC pourra orienter les débats, influer sur les résolutions.
Un appui pour les causes nationales : mobilisation contre le M23, plaidoyer pour des opérations de paix renforcées.
Une crédibilité internationale accrue : la RDC s’affirme comme puissance régionale stable, responsable et engagée.
La RDC n’en est pas à sa première expérience au CSNU, la remière participation sous Mobutu, première reconnaissance de la RDC comme acteur diplomatique mondial à eu lieu en 1982–1983. En 1990–1991, la RDC préside le Conseil de sécurité, joue un rôle majeur dans la condamnation de l’Irak après l’invasion du Koweït, un épisode décisif de la crise du Golfe. Ces mandats ont contribué à forger la culture diplomatique congolaise, guidée non par l’opportunisme, mais par une vocation de paix universelle.
Mais les enjeux et défis devront être anticiper telsque la cohérence de la politique étrangère, une nécessité d’une coordination solide entre Présidence, Gouvernement, diplomatie. La crédibilité sur la scène multilatérale, éviter toute contradiction entre le discours international et les pratiques internes notamment dans les droits humains et la gouvernance. La capacité à nouer des alliances, nouer des partenariats intelligents avec les membres permanents et les autres non-permanents. Un leadership africain assumé, articuler la voix de l’Afrique avec clarté et pertinence, notamment sur les conflits oubliés.
Le retour de la RDC au Conseil de sécurité de l’ONU est un tournant stratégique. Plus qu’un symbole, il s’agit d’un levier diplomatique et géopolitique majeur. En 2026–2027, la RDC aura l’occasion d’imprimer sa marque, de défendre ses intérêts vitaux, et de construire une diplomatie d’influence, capable d’accompagner le continent dans ses luttes pour la paix, la justice et le développement durable.
Ce mandat est un test de maturité diplomatique pour Kinshasa. Il doit être anticipé, structuré et porté par une vision claire, à la hauteur des défis mondiaux et des aspirations africaines.
Junior Kulele