Le débat autour de la révision de la Constitution congolaise suscite de vives réactions, en particulier suite aux récentes déclarations du Président Félix Tshisekedi à Lubumbashi. La question centrale tourne autour de l’interprétation de l’article 217 de la Constitution, que le chef de l’État considère problématique, notamment en matière de souveraineté territoriale. Cette prise de position alimente les tensions politiques et idéologiques, opposant ceux qui soutiennent la réforme à ceux qui y voient une menace pour l’intégrité du pays.
Delly Sesanga, leader du parti Envol, a vivement critiqué l’approche du président, qualifiant son interprétation de l’article 217 d’erronée et manipulatrice. « La manipulation, c’est lorsque vous versez dans une interprétation iconoclaste de l’article 217 de la Constitution par un faux bruit, en faisant croire que cet article expose le Congo à céder des territoires à des États voisins. Sinon, monsieur Étienne Tshisekedi, dont vous portez le nom, n’aurait pas proposé la même disposition à l’article 69 de la Constitution du 24 juin 1967, dont il était co-rédacteur sous la deuxième République avec le président Mobutu ». A dit Delly Sesanga qui selon lui, cet article, loin de permettre une cession des territoires, s’inscrit dans un cadre de solidarité régionale sans compromettre la souveraineté nationale. Il rappelle également que cette disposition trouve son origine dans des textes antérieurs, co-rédigés notamment par Étienne Tshisekedi.
L’intervention de Sesanga souligne un problème plus large : le cadre démocratique dans lequel un tel débat devrait se dérouler. Il accuse le président d’intimider les voix opposées et de limiter les discussions. Ces accusations, couplées à la montée des tensions autour de cette réforme, risquent d’approfondir les clivages politiques.
« Le discours de Monsieur Tshisekedi sur le changement de la Constitution, à partir de Lubumbashi après celui de Kisangani, oscille entre mensonges et menaces, en guise d’arguments pour justifier la révision de la Constitution de notre pays. Cela déshonore à la fois la fonction et discrédite complètement le projet. Qui vous a dit, Monsieur Tshisekedi, que vous avez la charge de limiter l’étendue du débat sur ce projet funeste en menaçant de poursuites les opinions contraires, sous le prétexte fallacieux de manipulation ? » s’est-il interrogé.
En toile de fond, le projet de révision constitutionnelle pose des questions fondamentales sur les objectifs réels du gouvernement et la manière de préserver les intérêts du peuple congolais. La société civile et l’opposition insistent sur la nécessité de maintenir un débat inclusif, exempt de pressions ou de menaces, pour garantir la transparence et la légitimité du processus.
Emille Kayomba