En dépit des avancées réalisées, le paludisme demeure la première cause de mortalité en République Démocratique du Congo. En 2024, plus de 21 600 décès ont été recensés, dont 69 % chez les enfants de moins de cinq ans, selon les données du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Dans les hôpitaux comme dans les centres de santé, la majorité des consultations médicales concernent cette maladie, qui se manifeste par de la fièvre, des maux de tête ou encore des douleurs articulaires.
Le paludisme tue et sa prise en charge représente un coût important pour les familles et le système de santé. Face à cette urgence sanitaire, atteindre l’objectif « zéro palu » d’ici 2030, fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), nécessite l’implication de tous les acteurs et l’adoption d’innovations. Le thème de l’année 2025 le rappelle avec force : « Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme. »
Pour répondre à la forte morbidité, particulièrement chez les jeunes enfants, la RDC a renforcé son arsenal de prévention : distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, gratuité des traitements préventifs pour les femmes enceintes, mais aussi introduction de la vaccination et de la chimio-prévention pérenne (CPP) du paludisme.
Depuis 2024, la RDC a rejoint les 14 autres pays africains ayant adopté le vaccin antipaludique. Plus de 693 000 doses ont été réceptionnées pour immuniser les enfants de 6 à 23 mois. Le Kongo-Central a servi de province pilote en 2023, et une extension progressive à d’autres provinces est prévue dès 2025.
Cependant, plusieurs obstacles persistent, en particulier le financement de la lutte. Avec le désengagement progressif de certains bailleurs, des organisations comme l’ONG Santé Rurale (SANRU ASBL) appellent à un accroissement des subventions publiques et à la détaxation des antipaludéens pour alléger les coûts. Par ailleurs, SANRU ASBL intensifie les campagnes de sensibilisation, visant à faire de la lutte contre le paludisme une priorité nationale et communautaire.
Le combat contre le paludisme ne concerne pas que les institutions. Le thème de l’année engage les décideurs, les partenaires techniques et financiers, mais aussi les citoyens, à s’adapter aux nouveaux défis : changement climatique, accès équitable aux soins et renforcement des systèmes de santé. Le paludisme est évitable. Il est temps que chacun prenne sa part de responsabilité pour en finir avec ce fléau.
Patricia Panzu