Quatre décennies après sa découverte, le VIH/SIDA demeure une pandémie mondiale, silencieuse et cruelle, mais aussi un défi universel inscrit au cœur des priorités sanitaires mondiales. Si les progrès réalisés dans la prévention, les traitements et la prise en charge des patients ont transformé ce qui était autrefois une condamnation en une condition gérable, des défis majeurs subsistent, notamment en matière de stigmatisation et d’accès équitable aux soins.

La 36ᵉ Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1ᵉʳ décembre, a été une nouvelle occasion pour les Nations unies de rappeler aux dirigeants leurs responsabilités face à cette maladie. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a insisté sur la nécessité d’une mobilisation renforcée pour atteindre les objectifs fixés, en mettant l’accent sur l’équité et la solidarité mondiale.
En République démocratique du Congo, la lutte contre le VIH/SIDA s’inscrit dans la stratégie mondiale adoptée par l’ONUSIDA, avec un engagement fort des autorités. Le ministre de la Santé publique, de l’Hygiène et de la Prévoyance sociale a récemment lancé une série d’activités de sensibilisation, appelant à une prise de conscience collective pour limiter la propagation du virus.
Les statistiques révèlent toutefois des défis persistants. Si la RDC a enregistré une réduction significative des nouvelles contaminations (–58 % depuis 2010) et des décès liés au VIH (–72 %), les lacunes dans la prévention restent préoccupantes. Selon le Rapport démographique de santé 2023-2024, moins de 26 % des jeunes âgés de 14 à 24 ans connaissent les moyens de prévention du VIH/SIDA. Pire, seulement 23 % des adultes congolais utilisent régulièrement un préservatif.
Sur le plan mondial, les chiffres restent alarmants. En 2023, 250 000 nouvelles infections ont été enregistrées parmi les jeunes de 0 à 19 ans, et 330 enfants de moins de 14 ans contractent le VIH chaque jour. Alors que 77 % des adultes vivant avec le VIH ont accès à un traitement antirétroviral, seuls 57 % des enfants et 65 % des adolescents peuvent en bénéficier.
En RDC, le faible taux de prévalence de 0,6 % masque des disparités. L’accès au dépistage et au traitement reste limité dans certaines régions, et la stigmatisation sociale pousse de nombreuses personnes à éviter les structures de santé. Une personne vivant avec le VIH témoigne : « L’ignorance et le rejet sont souvent plus douloureux que la maladie elle-même. »
Face à ces enjeux, les autorités congolaises s’efforcent de renforcer les synergies dans le cadre de la couverture santé universelle. Les recommandations visent à : Intensifier la sensibilisation pour inciter davantage de personnes à se faire dépister ; Promouvoir l’égalité d’accès aux soins, en particulier pour les populations vulnérables ; Renforcer les soins de santé primaires pour intégrer les services VIH/SIDA dans une approche globale.
Cette lutte, inscrite dans les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, nécessite des engagements multisectoriels et un soutien accru des partenaires internationaux. Si les progrès réalisés au cours des 40 dernières années inspirent de l’espoir, seule une action collective pourra garantir un avenir sans VIH/SIDA.
Debhorah Ngwala