C’est un exercice compliqué et un luxe en République démocratique du Congo de prendre un vol domestique. A Kisangani, Kananga, Mbujimayi, Goma, Lubumbashi, ou Kinshasa, les annulations de vol se multiplient et même souvent des vols décommandés à quelques heures du décollage. Dans les principaux aéroports du pays, la perturbation des horaires opposent passagers et agents de sol au point parfois d’en avenir aux mains. Qu’est-ce qui est à la base de cette situation ? Que sont devenues les quelques compagnies aériennes nationales d’aviation ? Qu’attend l’autorité pour résoudre ce problème et comment ? Que des questions restées sans réponses, surtout pour lesquelles les instances compétentes ne communiquent presque pas.

Passagers attendant un vol dans le hall de l’aéroport de N’djili
Depuis la zairianisation, l’économie nationale congolaise s’est effondrée, et avec elle, tous les secteurs. Dans le domaine de l’aviation notamment, le pays a perdu les partenariats qui avaient hissés haut la compagnie nationale Air Zaïre sur le continent, au point de perdre sa notoriété et de s’inscrire sur toutes les listes noires du monde. Avec l’arrivée de la CAA – Compagnie Afrique d’Aviation en 1991, cette entreprise privée avait essayé de supléer en assurant diverses liaisons – passager et fret – internationales et nationales. Mais comme l’opérateur public, la CAA a vite viré sur la liste des transporteurs aériens interdits notamment sur l’espace aérien de l’Union européenne.
Il s’en est suivi la création de plusieurs autres compagnies aériennes privées qui n’ont connu aucun succès. Que des accidents et crash mortels, des avions d’outres générations, des »cerceuils volants » qui ont accasionné des grosses pertes et plusieurs sinistrés sont restés impayés pour certains, jusqu’à ce jour. Qui n’a pas connu des compagnies comme Air Kasaï, Hewabora, Korongo ou Wimbidira de triste memoire? Plusieurs ont disparu aussi tôt qu’elles ont été créées.

Crash de l’avion Boeing DC-9 de la compagnie Hewa Bora à Birere dans la ville de Goma.

Question ! Sur quelle base la compagnie Congo Airways était-elle créée? L’actionnariat est constitué à 40% des parts de l’Etat, ce qui n’est pas mauvais dans le cadre de l’encouragement du partenariat multilatéral. Mais des observateurs fustigent le fait que les restes d’associés soient recrutés parmi les autres entreprises et établissements publics qui se re trouvent aussi au bord de la faillite, dont la gecamines et l’ex onatra. La non liquidation des LAC – Lignes Aériennes Congolaises est le mauvais présage qui n’a pas facilité l’émergence de Congo Airways. L’ex Air Zaïre qui a fait les beaux jours garde encore son passif, qui pèse par ailleurs sur le seul actionnaire qui est le gouvernement congolais. Des centaines d’agents envoyés en congé technique avec des dizaines d’années d’arriérés des salaires et sans un réel plan social. Eux, justement, ils n’ont jamais vu de bon œil arriver de la nouvelle compagnie. A cause de ce mauvais précédent, certains agents de Congo Airways redoutent le même scénario.

Il y a aujourd’hui pas seulement Congo Airways. Tous les aviateurs sont entrés en guerre contre les décideurs – la bataille perdue autour de la tarification unique revue à environ deux fois moins cher à l’initiative du gouvernement depuis un peu plus d’une année maintenant. Malgré la supression des certaines taxes qui pesaient sur le coût du billet d’avion depuis plusieurs décennies, les compagnies accusent le gouvernement d’avoir perturber le modèle économique aéronautique, avec par ailleurs le carburant qui devient cher et rare sur le marché.
Qu’à cela ne tienne, l’étendue de la République Démocratique du Congo nécessite une flotte aérienne régulière et efficace, pour aider sa population et les tiers à profiter de la diversité économique et culturelle qu’offre le pays. Avec ses villes éloignées les unes des autres, couplée au déficit d’autres moyens de transports et l’enclavement de nos agglomérations, ce pays continent est une opportunité pour son gouvernement et d’autres investisseurs de développer des infrastructures aéroportuaires et des compagnies d’aviation à la hauteur de ce défit.

Les yeux sont fixés maintenant sur l’Autorité de l’aviation civile de la RDC, qui est l’organe technique du gouvernement à qui il incombe de superviser la sécurité et la sureté de l’aviation civile. Elle est en outre le conseiller du gouvernement en matière d’aviation civile, appelé dès à présent à échafauder d’autres stratégies de relance du secteur de l’aviation civile, sinon, c’est tout un pays qui se referme sur lui même.
Constantin Ntambwe