Un tournant inédit secoue la sphère politico-judiciaire congolaise. Le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, est désormais sous la menace de poursuites judiciaires, après que les autorités compétentes ont donné leur feu vert à cette démarche. Cette décision survient dans un climat tendu, marqué par un conflit ouvert entre le ministre et le procureur général près la Cour de cassation, une querelle qui met à nu les fractures profondes au sein de l’appareil judiciaire de la République Démocratique du Congo.
Face à l’escalade de cette crise institutionnelle, le Président Félix Tshisekedi a convoqué une réunion d’urgence ce week-end. Autour de la même table : les membres du Conseil Supérieur de la Magistrature, le procureur général, et le ministre Constant Mutamba. Objectif affiché : désamorcer le conflit et rétablir l’équilibre entre les pouvoirs exécutif et judiciaire.
Selon des sources proches de la présidence, le chef de l’État a exhorté les deux parties à privilégier la loi, le respect des institutions et la sérénité dans le traitement des différends. Une volonté de médiation que beaucoup saluent, mais qui pourrait s’avérer insuffisante si la procédure judiciaire se poursuit.
Le différend entre le ministre Mutamba et le procureur près la Cour de cassation ne date pas d’hier, mais il a franchi un seuil critique ces dernières semaines. Des accusations croisées, des déclarations publiques aux relents d’ingérence et d’insubordination, et désormais une autorisation de poursuite judiciaire contre un membre du gouvernement : tous les ingrédients d’une crise institutionnelle sont réunis.
Certains analystes y voient une tentative de « redéfinition des rapports entre les trois pouvoirs », d’autres redoutent plutôt une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Constant Mutamba, figure montante du gouvernement, proche du Président mais aussi farouche défenseur d’une réforme de la magistrature, semble pris au piège de ses propres ambitions.
L’autorisation de poursuite ne signifie pas encore condamnation, mais elle ouvre la voie à une procédure qui pourrait aboutir à un procès, voire à la démission ou à la révocation du ministre. Une situation rarissime en RDC, qui soulève de nombreuses interrogations : s’agit-il d’un épilogue ou d’un nouvel acte dans une saga politique aux implications profondes ?
Certains observateurs estiment que le dossier pourrait s’arrêter là, sous réserve d’un compromis politique discret entre les parties. D’autres, plus sceptiques, croient que la machine judiciaire est déjà trop engagée pour faire marche arrière, d’autant plus que le dossier Mutamba est désormais sur la place publique.
Quoi qu’il en soit, ce bras de fer entre le ministre de la Justice et le procureur général met à l’épreuve l’indépendance de la magistrature et la solidité des institutions congolaises. Il oblige le Président Tshisekedi à arbitrer une crise au cœur de son mandat, dans un contexte où la crédibilité de l’État de droit demeure un enjeu national et international.
L’issue de cette affaire sera scrutée de près par les partenaires de la RDC, mais aussi par les citoyens, de plus en plus attentifs à la cohérence entre les discours de réforme et les actes concrets de gouvernance.
La rédaction de b-onetv.cd