La tension persistante entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda continue de mobiliser l’attention de la diplomatie internationale. Le mardi 20 mai 2025, l’ambassadeur Troy Fitrell, haut responsable du bureau des Affaires africaines au département d’État américain, s’est exprimé sur la situation lors d’un webinaire consacré à la diplomatie commerciale des États-Unis en Afrique subsaharienne. Interrogé par ACTUALITE.CD, le diplomate a réaffirmé l’engagement actif de Washington dans le processus de paix entre Kinshasa et Kigali, insistant sur la nécessité d’une action rapide et coordonnée.
Selon lui, les discussions avancent « considérablement« , même si elles se déroulent principalement en coulisses. « Nous ne croyons pas qu’il faille attendre six mois ou un an pour une prochaine évolution. Nous voulons une avancée rapide », a affirmé Fitrell. Il a salué l’alignement progressif entre les processus de Nairobi, Luanda et Doha, ainsi que l’implication croissante du Qatar. Il a également souligné que les efforts américains visent à garantir l’harmonisation entre toutes les initiatives sans chevauchement ni rivalité.
L’ambassadeur a rappelé que les conflits prolongés comme celui dans l’Est de la RDC sont à la fois « extrêmement coûteux » et « inefficaces« . Il estime qu’une paix durable dans la région serait mieux assurée par une économie formalisée et intégrée. « Les deux parties bénéficieraient bien davantage d’un commerce régulier et d’un environnement économique stable », a-t-il insisté. Il a également élargi la réflexion à toute la région, affirmant que le Burundi, l’Ouganda, l’Angola, voire le Zimbabwe, ont tous un intérêt direct dans un règlement de la crise.
« La stabilité régionale ne peut se limiter à la RDC et au Rwanda. Toute la sous-région a besoin d’un accord de paix. Et nous assumons pleinement notre volonté de pousser à des décisions rapides », a-t-il déclaré.
Les propos de Troy Fitrell font écho à ceux de Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au Département d’État, qui avait annoncé le 15 mai que les discussions entre les deux pays progressaient. À la suite de la rencontre tenue à Washington le 26 avril dernier entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, un premier projet d’accord de paix a été présenté aux deux parties par les États-Unis. Ces dernières ont accepté de travailler ensemble pour le peaufiner, avec un engagement de produire un texte commun au plus tard le 2 mai 2025.
Ce processus s’inscrit dans une diplomatie élargie, combinant les efforts régionaux (Nairobi, Luanda, Doha) et internationaux, sous la coordination de la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA), de la SADC et avec l’appui actif de l’Union africaine. Une réunion à Lomé, sous l’égide du président du Togo, est également attendue dans les prochaines semaines pour renforcer cette dynamique.
Les États-Unis, sollicités par les deux parties selon Fitrell, continuent de jouer un rôle de catalyseur et de médiateur. Washington ne cache plus son ambition d’accompagner un accord de paix durable dans l’Est congolais, où les conflits armés ont fait des milliers de morts et déplacés ces dernières années.
En plaçant l’accent à la fois sur la stabilité politique et les opportunités économiques, la diplomatie américaine cherche à faire de la paix non seulement une nécessité humanitaire, mais aussi un levier de développement régional. Le message est clair : la guerre n’a plus sa place dans une région au potentiel énorme. Et les prochaines semaines pourraient être décisives.
La rédaction de b-onetv.cd/ACTUALITE.CD