L’annonce du décès du philosophe et écrivain congolais Valentin-Yves Mudimbe, survenue dans la nuit du 21 au 22 avril à l’âge de 83 ans en Caroline du Nord (États-Unis), a provoqué une onde de choc dans le monde intellectuel, tant en République démocratique du Congo qu’à l’international. Ce départ a ravivé un débat sensible sur la place accordée aux grandes figures culturelles dans les hommages officiels rendus par l’État congolais.
Parmi les nombreuses voix qui s’élèvent pour réclamer une reconnaissance nationale, celle de l’écrivain Richard Ali, vice-président de l’Union des Écrivains du Congo (UECO), est particulièrement retentissante. À travers une pétition lancée aux côtés d’autres intellectuels, écrivains et acteurs du monde culturel, il appelle le gouvernement à organiser des obsèques nationales à la hauteur de l’héritage intellectuel de Mudimbe.
« Mudimbe est unanimement reconnu comme étant un savant, un philosophe de haut rang. Son ouvrage L’Invention de l’Afrique a été salué par les intellectuels du monde entier. Ce serait vraiment absurde que l’État congolais ne puisse pas faire quelque chose pour honorer sa mémoire », a déclaré Richard Ali.
La pétition, qui a déjà recueilli près de 450 signatures en moins de cinq jours à travers le monde, sera officiellement déposée le lundi 28 avril au ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine à Kinshasa. Elle exhorte les autorités congolaises à s’engager concrètement dans l’organisation des funérailles de celui que beaucoup qualifient de « baobab de la pensée africaine ».
« Il est temps de faire quelque chose pour ce géant de notre littérature, il est temps de s’approprier son œuvre. On ne doit pas faire comme on a toujours fait par le passé pour les auteurs qui nous quittent », insiste Richard Ali, pointant du doigt le contraste entre les hommages rendus aux figures de la musique et le silence souvent réservé aux intellectuels.
Dans la note qui accompagne la pétition, les initiateurs insistent : honorer Mudimbe, c’est réaffirmer le rôle central des intellectuels dans la construction de l’identité congolaise et dans la promotion de la cohésion nationale.
« De la même manière que le gouvernement n’hésite pas à honorer les géants d’autres secteurs, nous lui demandons de faire autant pour le nôtre. Que la nation entière puisse se recueillir et célébrer la vie et l’œuvre de ce géant de nos lettres. Il mérite une décoration à titre posthume. »
Valentin-Yves Mudimbe laisse derrière lui une œuvre monumentale, marquée par la rigueur intellectuelle et un engagement profond pour la réappropriation des savoirs africains. Philosophe, linguiste, romancier et critique, il a influencé plusieurs générations de chercheurs et de lecteurs. Son décès, décrit comme un « choc universel » par ses pairs, est l’occasion pour la RDC de tourner une page avec dignité, en saluant la mémoire de l’un de ses esprits les plus brillants.
La rédaction de b-onetv.cd