Kinshasa s’est réveillée, samedi matin, les pieds dans l’eau… et le cœur brisé. Dans la nuit du 4 au 5 avril, des pluies diluviennes se sont abattues sans relâche sur la capitale congolaise, transformant rues et maisons en pièges mortels. Selon un décompte provisoire établi dans des hôpitaux et des morgues, au moins vingt personnes ont perdu la vie. Les autorités, elles, n’ont pas encore publié de bilan officiel.
Parmi les drames les plus bouleversants, celui de Matadi Kibala glace les cœurs : six membres d’une même famille ont été retrouvés morts sous les décombres de leur maison, écrasés par un mur effondré. Une scène de désolation. Dans le même quartier du sud de la ville, un autre enfant a péri, tandis que ses parents luttaient pour survivre à l’hôpital, gravement blessés.
La pluie n’a épargné personne. À Sebo, deux morts ont été signalés. À l’arrêt Pharmacie, deux autres personnes ont succombé, dans une zone où les routes ont été emportées, rendant les secours presque impossibles. L’eau a frappé vite, fort, et sans prévenir. Des témoins racontent que certaines victimes ont été surprises dans leur sommeil, vers deux heures du matin, piégées dans l’obscurité par des flots incontrôlables.
Au lever du jour, Kinshasa ne ressemblait plus à elle-même. Le boulevard Lumumba, colonne vertébrale de la ville, était méconnaissable. Des piétons en larmes tentaient de traverser les flaques boueuses, enjambant des débris, des tôles, des meubles emportés. Des véhicules embourbés, abandonnés, jonchaient les avenues. La ville semblait figée dans la détresse.
La rivière Ndjili est sortie de son lit, noyant quartiers entiers, notamment à Limete, De Bonhomme et Mont-Ngafula. Des maisons ont été englouties. Des vies, effacées.
Et au-delà des chiffres, il y a les visages. Des familles inconsolables, des enfants orphelins, des mères en pleurs devant des morgues débordées. Il y a aussi cette colère sourde, face à une tragédie qui se répète, face à l’impuissance. Combien de fois faudra-t-il pleurer les morts pour que Kinshasa soit préparée aux pluies ?
Ce samedi, la capitale pleure ses enfants. Et le ciel, encore gris, semble lui aussi incapable de retenir ses larmes.
Junior Kulele