Ce vendredi 13 juin 2025, Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC et cheffe de la MONUSCO, a tenu une rencontre stratégique à Goma avec les dirigeants de la rébellion AFC/M23. Cette réunion, la première du genre depuis la chute de Goma fin janvier, s’est tenue dans un contexte de forte tension sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Arrivée la veille à bord d’un hélicoptère, en raison de la fermeture de l’aéroport de Goma, la cheffe de la mission onusienne a mis à profit son séjour pour engager un dialogue direct avec les responsables de la rébellion, parmi lesquels Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa.
Selon un communiqué de la MONUSCO, les échanges ont porté sur la protection des civils, le mandat de la mission onusienne, ainsi que les perspectives de désescalade du conflit. « Les responsables de l’AFC/M23 ont exprimé leur volonté de trouver une solution pacifique à la crise. La MONUSCO reste également disposée à soutenir toutes les initiatives de paix en cours », a déclaré Bintou Keita.
Elle a rappelé l’engagement de la MONUSCO à accompagner toute démarche constructive visant à réduire les tensions et restaurer la stabilité dans la région. À ce titre, elle a évoqué un exemple concret de coopération entre parties antagonistes : « Avec la facilitation du CICR, du gouvernement congolais, de l’AFC/M23 et de la MONUSCO, 1 359 éléments des FARDC et de la PNC ont été transférés de Goma vers Kinshasa », a-t-elle indiqué devant la presse.
Cette rencontre intervient trois ans jour pour jour après la chute de Bunagana, le 13 juin 2022, lorsque cette cité du territoire de Rutshuru était tombée sous le contrôle du M23 avec l’appui du Rwanda, marquant le début d’une nouvelle phase de la rébellion dans l’Est congolais.
Alors que la situation reste tendue sur le terrain, cette prise de contact entre la MONUSCO et les responsables de l’AFC/M23 pourrait ouvrir la voie à une reprise du dialogue dans le cadre des mécanismes régionaux de paix, à l’image du processus de Luanda ou du plan de désengagement de Nairobi.

La suite dépendra de la volonté réelle des acteurs à privilégier la voie diplomatique sur celle des armes, dans une région meurtrie par des années de violences à répétition.
Emille Kayomba