Le gouvernement congolais vient de franchir une étape décisive dans la réforme du secteur des jeux de hasard. Lors de sa 39e réunion tenue le vendredi 11 avril 2025, le Conseil des ministres a adopté le projet de loi fixant les principes fondamentaux régissant les jeux d’argent et de hasard en République Démocratique du Congo.
Présenté par le ministre des Finances Doudou Fwamba, ce texte a pour ambition de moraliser un secteur longtemps livré à lui-même, tout en permettant à l’État de mieux capter les ressources fiscales qu’il génère. « Ce projet de loi fixe les règles applicables aux jeux d’argent et de hasard, conformément à l’article 123 de la Constitution, en vue de renforcer la protection de l’épargne nationale », a expliqué le ministre des Finances.
Le document vise trois objectifs principaux : Encadrer strictement l’exploitation des jeux, en imposant des règles claires aux opérateurs ; Protéger les mineurs et les personnes vulnérables, souvent exposées aux risques d’addiction ; Établir un régime fiscal cohérent, incluant notamment des taxes spécifiques sur les gains et les produits bruts des jeux.
Cette réforme n’est pas nouvelle. Elle a été amorcée sous le gouvernement Sama Lukonde, à l’époque où Nicolas Kazadi occupait le poste de ministre des Finances. Déjà en mars 2023, Kazadi dénonçait une disproportion flagrante entre le chiffre d’affaires du secteur — évalué à plus d’un milliard de dollars par an — et les recettes fiscales versées à l’État, qui ne dépassaient guère un million de dollars.
Cette situation, selon lui, est le résultat de la prolifération des opérateurs illégaux et de l’absence d’un système de contrôle rigoureux. En 2023, 139 opérateurs illégaux ou irréguliers avaient été identifiés à travers le pays, sans que leurs revenus puissent être précisément évalués.
L’un des piliers de cette réforme est la mise en place d’une Autorité de régulation indépendante, dotée d’un Central Monitoring System (CMS). Ce système informatique permettra de surveiller en temps réel toutes les transactions réalisées dans les établissements de jeux. D’après les projections de l’ancien ministre Kazadi, ce mécanisme pourrait rapporter plus de 100 millions de dollars par an rien qu’au titre de la Taxe Unique sur les mises, une fois pleinement déployé.
Avec l’adoption de ce projet de loi, le gouvernement Suminwa démontre sa volonté de renforcer la gouvernance économique, tout en luttant contre le blanchiment d’argent et la fraude fiscale. Reste désormais au Parlement d’examiner et d’adopter ce texte crucial pour la modernisation et la transparence du secteur des jeux en RDC.
La rédaction de b-onetv.cd