En ce 12 avril, Journée internationale des enfants en situation de rue, la République Démocratique du Congo fait face à une réalité douloureuse et persistante : celle de milliers d’enfants livrés à eux-mêmes, sans protection ni repères, dans les rues des grandes villes, notamment à Kinshasa.
À travers le monde, on estime à plusieurs dizaines de millions le nombre d’enfants en situation de rue. En RDC, et particulièrement dans la capitale, cette crise sociale prend une ampleur inquiétante. On les appelle communément « Shégués« , « Moineaux » ou encore « Bana Nzela« . Leur quotidien se résume à errer dans les marchés, dormir sous les ponts, survivre de petits vols, de mendicité, ou d’activités marginales.
Des enfants devenus invisibles
Ces enfants sont souvent issus de familles brisées par la pauvreté, les conflits armés, la maltraitance, ou encore des accusations de sorcellerie. À Kinshasa, ils sont visibles partout, mais leur souffrance reste ignorée. Ils sont confrontés à toutes les formes de violences : physiques, psychologiques, sexuelles. Leur accès à l’éducation, à la santé et à une protection juridique est quasiment inexistant.
« Ces enfants vivent une double peine : abandonnés par leurs familles et rejetés par la société. On les traite comme des nuisibles alors qu’ils sont avant tout des victimes », déclare une assistante sociale œuvrant pour une ONG locale de protection de l’enfance.
Un défi de taille pour l’État
Malgré quelques tentatives de réinsertion sociale lancées par les pouvoirs publics et des partenaires internationaux, le phénomène des enfants de la rue ne cesse de croître. L’absence d’une politique nationale claire et soutenue, combinée à une pauvreté structurelle, rend toute intervention durable difficile.
Le ministère des Affaires sociales, les ONG et certaines Églises jouent un rôle de tampon, mais cela reste insuffisant face à l’ampleur du problème. À cela s’ajoutent les expulsions brutales, les rafles arbitraires, les violences policières et le manque de structures d’accueil adaptées.
Un appel à l’action collective
À l’occasion de cette journée mondiale, plusieurs organisations plaident pour une prise de conscience nationale et une mobilisation des autorités à tous les niveaux. Il ne s’agit pas seulement d’enlever les enfants de la rue, mais surtout de s’attaquer aux causes profondes de leur marginalisation : l’extrême pauvreté, l’absence d’un système de protection de l’enfance solide, la désintégration des structures familiales et les discriminations sociales.
« Ces enfants ne sont pas le problème, ils sont le miroir de nos défaillances collectives. La rue n’est pas leur maison, c’est notre abandon qui les y a conduits », affirme une militante des droits de l’enfant.
En cette journée internationale, la RDC est appelée à agir avec humanité et détermination pour redonner espoir et dignité à ces milliers d’enfants qui, chaque nuit, dorment sous les étoiles, dans l’oubli.
Junior Kulele