L’intensification de l’offensive du M23, soutenue par Kigali, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) pousse le gouvernement congolais à dénoncer avec force l’implication du Rwanda. Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a accusé Kigali de chercher à renverser le pouvoir légitime en place à Kinshasa.
Lors de son intervention devant le Conseil qui examinait la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, la cheffe de la diplomatie congolaise a exhorté l’ONU à adopter des « sanctions robustes » contre Kigali et la rébellion de l’AFC/M23. « Ce Conseil, toujours inactif, est le seul capable d’empêcher de nouveaux massacres et l’expansion de l’occupation« , a-t-elle martelé. Elle a insisté sur l’urgence de mesures contraignantes pour stopper non seulement les violences perpétrées par les troupes rwandaises et leurs supplétifs du M23, mais aussi pour sanctionner le soutien du Rwanda à un groupe armé cherchant à renverser un gouvernement légitime et démocratiquement élu.
Kayikwamba Wagner a dénoncé un « projet politique porté par le Rwanda à travers le M23 et l’AFC, visant à renverser notre régime par la force ». La ministre met en garde contre un conflit qui dépasse les simples violences militaires et les pillages de ressources, soulignant qu’il s’agit d’une tentative de « dépeuplement » et de « changement de régime imposé de l’extérieur ».
La rébellion, dirigée par Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a publiquement affiché son intention d’atteindre Kinshasa pour provoquer un changement de régime. La ministre déplore cette atteinte contre un pouvoir démocratiquement élu et rappelle que la RDC a fait le choix de la démocratie.
« Nous avons choisi la liberté sous un régime civil et non la soumission aux armes. Nul ne peut nous arracher ce choix, surtout pas un régime qui, depuis trois décennies, s’efface derrière un homme qui confond l’État avec son pouvoir personnel« , a-t-elle lancé, en référence au président rwandais Paul Kagame. Elle a dénoncé « un contraste saisissant » entre un peuple congolais qui bâtit son avenir sur la volonté populaire et un régime voisin qui « ne survit que par la force, l’intimidation et la répression ».
Selon la ministre, le Rwanda et le M23 veulent imposer à la tête de la RDC ceux que le peuple a rejetés dans les urnes lors des dernières élections. « Ce n’est pas seulement une guerre pour un territoire, mais une guerre contre notre choix souverain d’un avenir différent. Le peuple congolais dit non à cette tentative d’imposer par les armes ceux que les urnes ont rejetés.«
Elle a insisté sur la détermination de la jeunesse congolaise à refuser la loi des armes et à choisir ses dirigeants par les urnes et non sous la menace des canons. « Nous avons un peuple dont l’âge moyen est de moins de 25 ans, un peuple marqué par la guerre et les promesses ajournées, mais qui refuse d’être la génération sacrifiée d’une violence imposée de l’extérieur. »
Malgré les interpellations de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, continue son avancée dans le Sud-Kivu, aggravant la crise sécuritaire et humanitaire. Les résolutions adoptées lors du sommet conjoint SADC-EAC à Dar-es-Salaam, il y a près de deux semaines, peinent à être mises en œuvre.
Parallèlement aux initiatives régionales, les églises catholique et protestante poursuivent leurs consultations dans le cadre d’un projet de sortie de crise. Cependant, cette initiative n’est pas bien perçue par le gouvernement, qui reste attaché aux processus de Luanda et Nairobi, toujours en suspens.
Avec cette nouvelle offensive diplomatique de la RDC, la pression sur le Conseil de sécurité de l’ONU s’intensifie. Reste à voir si cette institution, souvent critiquée pour son inaction, prendra enfin des mesures concrètes pour mettre un terme à cette crise persistante.
La rédaction de b-onetv.cd