L’insupportable. C’est le mot qui convient pour qualifier ces récents bombardements du M23 soutenu par le Rwanda sur le site des déplacés de Mugunga à Goma chef lieu de la province du Nord-Kivu le 03 mai 2024. Des attaques aux mortiers qui ont fait 35 morts dont les enfants et 37 blessés. Les victimes de ces attaques ont reçu leurs derniers hommages de toute la nation congolaise ce mercredi 15 mai, au stade de l’Unité de Goma, avant d’être acheminés au cimetière de Genocost à Kibati, où reposeront désormais toutes les victimes de l’agression rwandaise.

La cérémonie a été remplie d’émotions. Non seulement les familles des personnes tuées ont transmis ce sentiment de tristesse, mais aussi les activistes des mouvements citoyens, qui ont lancés par la même occasion les messages de ras-le-bol de ces tueries à répétition dans l’Est de la RDC exacerbée par la résurgence du M23. Brandissant des calicots sur lesquels ces messages sont écrits, dans ces funérailles qui ont connu la participation des autorités de la province, mais aussi les responsables politiques nationaux, entre autres les membres du gouvernement central.
Dans son mot de circonstance, le Ministre de la solidarité nationale et actions humanitaires, a indiqué que la mort de ces 35 compatriotes a bousculé la nation congolaise toute entière augmentant ainsi la vulnérabilité des personnes déplacées qui ont vu leurs abris incendiés et complètement détruits. « C’est pourquoi, aussitôt qu’il a appris de l’étranger où il séjournait en mission officielle, le président de la République, chef de l’État, son excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a écourté sa visite officielle et regagné le pays pour compatir aux malheurs qui frappent le Nord-Kivu, la barbarie du 3 mai dernier nous laisse un souvenir insoutenable, que dire de la petite Grâce qui a échappé aux éclats des bombes et restée attachée sur le dos de sa mère morte et dont l’image a fait le tour du monde sans que cela émeuve les prédateurs à la solde du Rwanda » dit-il.

Ce membre du gouvernement congolais sortant a aussi laissé entendre que ces massacres dans l’Est de la RDC doit cesser, ” trop c’est trop « . Le cycle infernal d’insécurité n’a que trop duré dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, depuis plus de deux décennies. Tout à commencé avec le génocide du Rwanda en 1994, qui a consacré l’entrée en fonction du régime FPR dirigé par les tutsi, délogeant les hutus du pouvoir après la mort de Juvenal Habyarimana.
L’entrée en fonction de ce régime a eu des incidences en RDC, au point qu’il a soutenu l’AFDL qui a chassé du pouvoir le maréchal Mobutu. Les dissidents de l’AFDL ont créé une rébellion en RDC, qui s’est mué ensuite au CNDP puis le M23 en 2009 avant qu’il ne soit vaincu en 2013. Ce groupe armé a resurgi en 2021 avec un soutient très prononcé du Rwanda, selon plusieurs rapports indépendants, notamment de l’ONU.

On notera que plusieurs exactions documentées sont commises par le M23. On se rappellera des bombardements près de marchés et écoles primaires à Mugunga en ce début de 2024 et le massacre de Kishishe en 2023. Pour le gouvernement congolais, la justice va rétablir les responsabilités, et le Rwanda ne restera pas impuni. Ces attaques du Rwanda sous couvert du mouvement du M23 a fait l’objet des condamnations des plusieurs chancelleries. Malgré les mécanismes diplomatiques de Luanda et de Nairobi initiés depuis 2022, Kigali ne montre aucun signe de recul.
Emilie Kayomba