Lomé, capitale du Togo, a été le théâtre d’un tournant diplomatique majeur dans les efforts africains pour ramener la paix à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). La ville a accueilli la première réunion du panel des facilitateurs désignés par les communautés régionales SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) et EAC (Communauté d’Afrique de l’Est), sous la direction de Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Togo et médiateur désigné par l’Union Africaine.
Cette rencontre marque le démarrage effectif de la médiation africaine suite à la fusion des processus de Nairobi (piloté par l’EAC) et de Luanda (conduit par la SADC), deux initiatives distinctes jusqu’alors, qui visaient la résolution de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, exacerbée par l’activisme du groupe armé M23 soutenu par le Rwanda.
Une volonté commune d’unir les efforts pour la paix
« Nous sommes ici pour nous aligner derrière le Président Faure Gnassingbé, le médiateur désigné par l’Union Africaine, afin d’élaborer une stratégie commune pour la paix en RDC », a déclaré Uhuru Kenyatta, ancien président du Kenya et co-facilitateur. Il a souligné l’importance d’une approche coordonnée pour restaurer la stabilité dans la région des Grands Lacs.
Sahle-Work Zewde, ancienne présidente de l’Éthiopie, a, elle aussi, salué la démarche d’unification des efforts : « Cette réunion était nécessaire pour fusionner les deux groupes de facilitateurs et avancer ensemble sous une même bannière. »
Catherine Samba-Panza, ex-cheffe d’État de la République centrafricaine, a insisté sur le rôle catalyseur joué par Faure Gnassingbé : « Grâce à cette rencontre, le panel est enfin opérationnel. C’est une étape déterminante pour sortir de l’inertie et agir concrètement sur le terrain. »
Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria, a, pour sa part, exprimé sa confiance dans ce processus : « Cette première réunion nous permet de clarifier notre mandat et de définir les modalités pour mener à bien notre mission. »
Une coordination renforcée saluée par la communauté internationale
Le médiateur Faure Gnassingbé s’est félicité de cette première concertation, qu’il qualifie de « fondation d’une coordination fluide et inclusive » entre les différentes parties prenantes. Il a également salué le soutien des États-Unis et de l’ONU, représentée par Xia Huang, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, qui a réaffirmé l’engagement onusien à accompagner les efforts africains pour la paix.
« C’est avec optimisme et foi en l’avenir que nous avons posé les premières pierres d’une médiation cohérente, africaine et porteuse d’espoir pour la région », a écrit Faure Gnassingbé sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Une réponse africaine à une crise prolongée
Depuis plus de deux décennies, l’Est de la RDC est plongé dans une instabilité chronique, nourrie par des groupes armés locaux et étrangers, et par l’implication directe ou indirecte de certains États voisins. Malgré de multiples accords de paix et tentatives de désarmement, la situation reste volatile, exacerbée récemment par la résurgence du M23.
Alors que les processus internationaux de Washington et de Doha ont pris de l’élan, cette réunion de Lomé réaffirme la centralité des initiatives régionales dans la résolution durable du conflit. Elle réunit non seulement des anciens chefs d’État de la région, mais aussi l’expérience, la légitimité et la proximité nécessaires pour adresser les racines du conflit.
Avec cette première réunion, l’Afrique tente de reprendre la main sur une médiation longtemps fragmentée, en y insufflant cohérence, leadership et pragmatisme. Le succès de cette nouvelle dynamique dépendra de la capacité des parties impliquées à maintenir l’élan et à convaincre toutes les parties prenantes, y compris Kinshasa et Kigali, à s’engager dans un dialogue sincère en faveur de la paix.
La rédaction de b-onetv.cd